Mais quelle copie finale ?
Un relatif accord pour se retrouver en 2009 à Copenhague. Bien, mais bon, c'était prévu depuis longtemps. Un accord pour trouver un accord en 2009 pour le fond d'adaptation, trouver une terrain d'entente entre UE et G77 (pays en développement et la Chine) et quelques autres petites choses diplomatiques dans l'espoir de cacher la vacuité de cette conférence. L'accord de prévision d'accord sur le fond d'adaptation bute encore sur deux points principaux le financement de ce fond et la destination de ce fond.
Pays du Nord et du Sud s'affrontent en effet sur l'origine des financements du fond d'adaptation : soit un possible 2% issu des MDP (mécanismes de développement propre, à hauteur de quelques milliards par an) ou bien alors un pourcentage issu directement du marché du carbone, il s'agirait d'une taxe sur le marché, sorte de taxe Tobine de l'adaptation (et là, le marché est de quelques centaines milliards de dollars par an - et donc, la manne serait d'autant plus élevée pour l'adaptation). Première pierre d'achoppement Nord-Sud.
La seconde est également très importante, elle repose sur la destination des fonds. Les pays du Nord et l'Afrique du Sud militent pour que cet argent soit attribué à un fond spécial spécifiquement dédié à l'adaptation aux changements climatiques, alors que les pays du Sud demandent une totale liberté dans la gestion des fonds de l'adaptation. Ce point sera probablement le plus discuté, il oppose souveraineté des États et volonté de savoir où se trouve l'argent que l'on donne. Les détournements de fonds publics que l'on a connu avec l'aide au développement ne devront pas se répéter avec la manne énorme des fonds d'adaptation.
D'un côté les pays du Sud qui demandent une aide pour l'adaptation aux changements climatiques au nom du principe de justice climatique. Ce qui est normal. Et de l'autre, les États du Nord qui refusent que cet argent disparaisse d'un pot commun de l'État ou soit dans pire des cas détourné.
Sans compter que de son côté, l'UE était tiraillée par la Banque Mondiale sur le même sujet du fond d'adaptation. Des négociations interminables ont émaillé la première semaine de Conférence pour aboutir à un accord relatif le fond dont les détails ne seront dévoilés qu'au cours de l'année 2009.
A se demander dans quel sens ont avancé les travaux de la CoP 14 ?
Mon bilan personnel.
La conférence de Poznan est une grande première, clairement, une préparation pour l'année prochaine à Copenhague où l'enjeu sera tout différent. Si aucun accord n'est trouvé l'année prochaine, on se retrouvera dans une situation de vide juridique entre 2012 et 2016... Alors déjà qu'avec l'actuel protocole on a réussi à augmenter de 2,3% les émissions globales, qu'en sera-t-il sans accord ? Notre action, au sein de ma délégation devra clairement être améliorée pour être plus efficiente, être mieux informée et plus au fait des négociations en temps réel.
Ce fut également une très bonne école de la négociation internationale, on tombe des nues en se trouvant dans une telle conférence. On pourrait croire le protocole de Kyoto bien écrit mais il n'est que le fruit d'un interminable chipotage diplomatique entre négociateurs; la simple virgule est discutée jusqu'au bout de la nuit.
Enfin.
Le chantier du climat reste ouvert pour encore un an. J'ai un peu l'impression d'un malade du coeur que l'on a ouvert, et que l'on décide de laisser ouvert pendant un bout de temps pour savoir comment on va le sauver ou si on ne va pas tout simplement le refermer sans l'avoir opéré. Le malade c'est le climat. Le seul problème c'est que l'on n'a pas de chirurgien, enfin, en attendant Obama, n'est-ce pas ? Plus on attend, et plus cela nous coutera cher et plus les conséqeunces seront humainement, socialement et écologiquement irréparables. Le rapport Stern est clair, maintenant c'est 1% du PIB pour l'adaptation et l'anticipation, demain ce sera 10% du PIB par an pour essuyer les conséquences qui seront de plus en plus importantes...
Tout comme beaucoup à la CoP, j'ai espéré, escompté, rêvé l'effet Obama. Le seul effet que j'ai vu ou pu entendre fut celui d'Al Gore qui a terminé son discours d'un encourageant "Yes, we can". On peut, oui, nous le devons même, mais on n'a rien fait. Tous les travaux ont été reportés à l'année prochaine. Un certain sentiment de tristesse, de travail inaccompli, voire plutôt de colère envahit en repensant à cette conférence.
Finalement, et pour conclure sur une note plus positive (ou moins négative). Je crois que finalement l'avenir du climat ne se trouve pas au niveau des États, et encore moins au niveau international, mais peut-être plus simplement au niveau local. Au cours de la conférence, j'ai assisté au point presse de représentants des gouvernements locaux, et ai été conquis. Quand je vois l'ampleur des travaux menés par ces collectivités de par le Monde (et notamment la Californie), je ne peux que me dire qu'il y a encore de l'espoir.
Think global, Act Local.