Voilà, c’est fini.
La 14ème Conférence de l’ONU sur les changements climatiques connaitra son épilogue officiellement ce soir. Officiellement, car les négociations sont susceptibles de durer jusque tard dans la nuit, voire pendant la journée de samedi.
Le volet technique a laissé place au volet politique : les ministres fraichement arrivés ont pour mission d’essayer de trouver des compromis sur la base des textes élaborés pendant deux semaines sur les différents sujets.
Que retenir de Poznan ?
Le discours de la plupart des pays industrialisés sera le suivant :
- Poznan a constitué un changement de vitesse entre Bali (COP 13) et Copenhague (COP 15). Des progrès ont été accomplis sur de nombreux sujets. Ils serviront de base aux négociations à Copenhague.
- Poznan a ancré l’idée que la crise financière ne servira pas d’excuse à ne pas lutter contre les changements climatiques (malgré les récentes déclarations de Silvio Berlusconi pour qui débattre des changements climatiques en ces temps de marasme économique, c’est comme aller chez le coiffeur lorsqu’on souffre d’une pneumonie).
Certes, Poznan a permis d’avancer sur certains sujets. Le fonds d’adaptation (cf article « Fonds cherche personnalité juridique pour pouvoir conclure) est peut être le plus emblématique d’entre eux, puisque comme le soulignait notre Secrétaire d’Etat à l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, la question n’était même pas évoquée il y quelques années encore.
Or, si les discussions persistent sur la manière dont va fonctionner ce fonds…
(Peut-il s’auto gérer ? Doit-il être géré par le Fonds pour l’Environnement Mondial - position de la France et de l’Allemagne – Doit-on accréditer les agences nationales jugées aptes à gérer ces fonds, au risque de voir les pays industrialisés accusés d’ingérence dans les PED ?)
…et sur son financement (un prélèvement de 2% sur la valeur des crédits issus du Mécanisme de Développement Propre doit-il être étendu aux autres mécanismes du protocole de Kyoto ?)
…son principe est définitivement acté et les pays industrialisés semblent décider à le mettre en place afin d’envoyer un signal clair aux PED.
Mais :
Le problème de cette conférence (et des négociations en général lorsque personne ne veut avancer un pion avant l’autre) est le suivant :
Les PED refusent de s’engager sur la question de la « vision partagée » à horizon 2050 (à l’exception de certains pays comme le Ghana, le Costa Rica ou le Venezuela), tant que les pays industrialisés n’ont pas réglé non seulement ces questions pratiques et financières à propos du fonds d’adaptation, mais surtout tant qu’ils ne se sont pas engagés sur des engagements chiffrés de réductions d’émissions de GES à horizon 2020.
Le vocabulaire à ce sujet n’a pas progressé depuis Bali, notamment à cause du Canada, de la Russie et du Japon : toujours pas de référence à un engagement chiffré et contraignant clair. Il n’y a dans les textes qu’une référence à la fourchette préconisée par le GIEC entre 25 et 40% de réductions d’émissions en 2020.
La solution ?
N’oublions pas tout d’abord que le Paquet Energie-Climat sera normalement adopté avant 2009. Même affaibli, il constituera le premier engagement chiffré de pays à horizon 2020. Cela devrait influencer fortement les négociations de Copenhague, puisque l’UE sera en position de force et n’aura pas à répondre perpétuellement aux attaques lancées contre ce Paquet.
(Notons toutefois qu'à l'heure où cet article voit le jour, Nicolas Sarkozy s'est transformé en Père Noël avant l'heure pour les pays nouveaux entrants dans l'UE http://www.lexpress.fr/actualites/2/un-compromis-final-emerge-sur-le-paquet-energie-climat_723813.html)
Mais c’est surtout en la personne de Barack Obama que peuvent se nourrir les espoirs les plus fous. Si les Etats-Unis s’engagent clairement, les autres pays industrialisés cités plus haut suivront. Un seul être vous manque…
Dernière information : la Conférence de Copenhague sera très probablement décalée d’une semaine pour éviter la cacophonie provoquée par la demande de l’Arabie Saoudite de décaler le jour férié qui avait été décalé en raison d’une fête musulmane (cf article « The moon is not part of the UN texts, right ?). Elle se tiendrait du 7 au 21 décembre.
Copenhague sera-t-elle vraiment la rencontre internationale la plus importante de l’Histoire, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, comme on nous le répète depuis quelques années ?
Attendez, chuuut, j’entends un bruit de couloir : on parle d’un Copenhague 2.
Nous connaissons tous cette tentation de toujours repousser au lendemain ce qu’on peut
faire dans l’instant. Cette sensation qui s’en suit de devoir toujours tout faire dans l’urgence. Cette satisfaction enfin d’avoir réussi « à s’en sortir ».
Mais ce qui s’applique à l’échelle des individus, ou à d’autres organisations internationales comme l’OMC ne s’applique pas aux Nations-Unies. Il est très difficile d’accélérer le mouvement dans une organisation fondée sur le principe de l'égalité souveraine de toutes les nations membres.
L’idée est belle. Le petit Etat de Tuvalu (9000 habitants) négocie sur un pied d’égalité avec des géants. C’est signe de bonne santé démocratique, oui mais…
…il y a urgence.
La 14ème Conférence de l’ONU sur les changements climatiques connaitra son épilogue officiellement ce soir. Officiellement, car les négociations sont susceptibles de durer jusque tard dans la nuit, voire pendant la journée de samedi.
Le volet technique a laissé place au volet politique : les ministres fraichement arrivés ont pour mission d’essayer de trouver des compromis sur la base des textes élaborés pendant deux semaines sur les différents sujets.
Que retenir de Poznan ?
Le discours de la plupart des pays industrialisés sera le suivant :
- Poznan a constitué un changement de vitesse entre Bali (COP 13) et Copenhague (COP 15). Des progrès ont été accomplis sur de nombreux sujets. Ils serviront de base aux négociations à Copenhague.
- Poznan a ancré l’idée que la crise financière ne servira pas d’excuse à ne pas lutter contre les changements climatiques (malgré les récentes déclarations de Silvio Berlusconi pour qui débattre des changements climatiques en ces temps de marasme économique, c’est comme aller chez le coiffeur lorsqu’on souffre d’une pneumonie).
Certes, Poznan a permis d’avancer sur certains sujets. Le fonds d’adaptation (cf article « Fonds cherche personnalité juridique pour pouvoir conclure) est peut être le plus emblématique d’entre eux, puisque comme le soulignait notre Secrétaire d’Etat à l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, la question n’était même pas évoquée il y quelques années encore.
Or, si les discussions persistent sur la manière dont va fonctionner ce fonds…
(Peut-il s’auto gérer ? Doit-il être géré par le Fonds pour l’Environnement Mondial - position de la France et de l’Allemagne – Doit-on accréditer les agences nationales jugées aptes à gérer ces fonds, au risque de voir les pays industrialisés accusés d’ingérence dans les PED ?)
…et sur son financement (un prélèvement de 2% sur la valeur des crédits issus du Mécanisme de Développement Propre doit-il être étendu aux autres mécanismes du protocole de Kyoto ?)
…son principe est définitivement acté et les pays industrialisés semblent décider à le mettre en place afin d’envoyer un signal clair aux PED.
Mais :
Le problème de cette conférence (et des négociations en général lorsque personne ne veut avancer un pion avant l’autre) est le suivant :
Les PED refusent de s’engager sur la question de la « vision partagée » à horizon 2050 (à l’exception de certains pays comme le Ghana, le Costa Rica ou le Venezuela), tant que les pays industrialisés n’ont pas réglé non seulement ces questions pratiques et financières à propos du fonds d’adaptation, mais surtout tant qu’ils ne se sont pas engagés sur des engagements chiffrés de réductions d’émissions de GES à horizon 2020.
Le vocabulaire à ce sujet n’a pas progressé depuis Bali, notamment à cause du Canada, de la Russie et du Japon : toujours pas de référence à un engagement chiffré et contraignant clair. Il n’y a dans les textes qu’une référence à la fourchette préconisée par le GIEC entre 25 et 40% de réductions d’émissions en 2020.
La solution ?
N’oublions pas tout d’abord que le Paquet Energie-Climat sera normalement adopté avant 2009. Même affaibli, il constituera le premier engagement chiffré de pays à horizon 2020. Cela devrait influencer fortement les négociations de Copenhague, puisque l’UE sera en position de force et n’aura pas à répondre perpétuellement aux attaques lancées contre ce Paquet.
(Notons toutefois qu'à l'heure où cet article voit le jour, Nicolas Sarkozy s'est transformé en Père Noël avant l'heure pour les pays nouveaux entrants dans l'UE http://www.lexpress.fr/actualites/2/un-compromis-final-emerge-sur-le-paquet-energie-climat_723813.html)
Mais c’est surtout en la personne de Barack Obama que peuvent se nourrir les espoirs les plus fous. Si les Etats-Unis s’engagent clairement, les autres pays industrialisés cités plus haut suivront. Un seul être vous manque…
Dernière information : la Conférence de Copenhague sera très probablement décalée d’une semaine pour éviter la cacophonie provoquée par la demande de l’Arabie Saoudite de décaler le jour férié qui avait été décalé en raison d’une fête musulmane (cf article « The moon is not part of the UN texts, right ?). Elle se tiendrait du 7 au 21 décembre.
Copenhague sera-t-elle vraiment la rencontre internationale la plus importante de l’Histoire, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, comme on nous le répète depuis quelques années ?
Attendez, chuuut, j’entends un bruit de couloir : on parle d’un Copenhague 2.
Nous connaissons tous cette tentation de toujours repousser au lendemain ce qu’on peut
faire dans l’instant. Cette sensation qui s’en suit de devoir toujours tout faire dans l’urgence. Cette satisfaction enfin d’avoir réussi « à s’en sortir ».
Mais ce qui s’applique à l’échelle des individus, ou à d’autres organisations internationales comme l’OMC ne s’applique pas aux Nations-Unies. Il est très difficile d’accélérer le mouvement dans une organisation fondée sur le principe de l'égalité souveraine de toutes les nations membres.
L’idée est belle. Le petit Etat de Tuvalu (9000 habitants) négocie sur un pied d’égalité avec des géants. C’est signe de bonne santé démocratique, oui mais…
…il y a urgence.
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