mardi 9 décembre 2008

L’inspecteur Colombo a encore une question

Vis-à-vis des engagements chiffrés sur lesquels les pays industrialisés doivent s’accorder avant fin 2009, nous avons bien peur que Poznan fasse chou blanc.

Quelqu’un en doutait-il vraiment ? L’absence de Barack Obama, qui n’est pas encore officiellement président, y est évidemment pour beaucoup. Les délégués de l’administration Bush ne sont que des pantins à Poznan.

Mais le Paquet Energie-Climat, qui doit décider si l’UE s’engage sur un objectif de 20 ou 30% de réductions de GES d’ici à 2020, se discute en ce moment même. Les chefs d’Etat européens se rencontreront les 11 et 12 décembre prochain alors que la Conférence de Poznan prend fin le 12 décembre. Les négociations internationales sont étroitement liées à l'avenir du Paquet Energie-Climat européen.

« Dites m’sieur, c’était vraiment pas possible de finaliser ce Paquet Energie-Climat fin novembre avant le début de la Conférence, afin que l’UE puisse jouer un rôle de « leader », fort d’un Paquet Energie-Climat ambitieux fixant un objectif de 30% en 2020 ?

Pas possible de tenir le calendrier parce que les Polonais et les Italiens ont soudainement pris peur pour leur économie ? Ah c’est donc ça.

Heu, excusez-moi mais je me permets d’insister : la proposition de la Commission de révision du marché carbone européen ne date-t-elle pas du 23 janvier 2008 ? Ah voilà c’est bien ce que je pensais vous me rassurez bien m’sieur !

Attendez mais alors, l’Italie ou la Pologne étaient-elles obligée d’attendre mi-octobre, soit 45 jours avant le début de la Conférence, pour se plaindre du fait que la mise aux enchères des droits d’émissions allait affaiblir leurs économies ? Silvio Berlusconi n’aurait-il pas pu déclarer plus tôt que cette proposition - pourtant à la base des pistes de financement pour des mesures d’adaptation et de réduction d’émissions dans les PED – était « ridicule » ?

Oui M’sieur, je sais bien que le jeu des négociations consiste toujours à demander plus pour obtenir suffisamment.

Mais, a-t-on encore le temps de jouer ?

Vous me dites que la Pologne refuse catégoriquement de faire acheter à ses compagnies électriques le moindre droit d’émission, réclamant leur gratuité totale, au motif qu’elles fonctionnent à 96% au charbon. Hum, oui je comprends c’est délicat, il s’agit de faire des compromis.

Ah mais attendez ça me revient, on m’a dit que ces compagnies appartiennent en partie à l’Etat, et sont en passe d’être privatisées. J’imagine que l’Etat Polonais a tout intérêt à patienter afin de les vendre à un meilleur prix, profitant de la valeur ajoutée des droits d’émissions.

La Pologne demande en plus une compensation de la part de l’Europe pour un manque à gagner de l’Etat ?

Ca ne s’appelle donc plus un compromis n’est-ce pas ? Vous avez une expression française qui dit, je crois, « vouloir le beurre et l’argent du beurre ».

Mais m’sieur, dernière petite question, qui était chargé de faire en sorte que ce jeu des compromis soit terminé avant Poznan ? Le pays qui assure la présidence de l’UE depuis près de 6 mois, ah, c’est donc cela…

Quand je vais raconter ça à ma femme… »

1 commentaire:

Yann a dit…

Splendide!

Encore une autre enquête syouplaît!-)