lundi 15 décembre 2008

Poznan, c'est fini

Samedi 10h00, gare de Poznan


La CoP est finie, comme prévue, le 12 décembre, les travaux officiels se sont arrêtés. Cependant, dans l'ombre, groupes de contact et négociateurs continuaient de s'activer. Les négociations s'arrêtèrent au petit matin du samedi à 3h00, heure de Poznan. La copie finale était rendue. Le terme choisi "finir" me laisse tout de même interrogateur, cela signifie en effet qu'il y aurait eu un début aux négociations et aux pourparlers sur le climat.


Mais quelle copie finale ?

Un relatif accord pour se retrouver en 2009 à Copenhague. Bien, mais bon, c'était prévu depuis longtemps. Un accord pour trouver un accord en 2009 pour le fond d'adaptation, trouver une terrain d'entente entre UE et G77 (pays en développement et la Chine) et quelques autres petites choses diplomatiques dans l'espoir de cacher la vacuité de cette conférence. L'accord de prévision d'accord sur le fond d'adaptation bute encore sur deux points principaux le financement de ce fond et la destination de ce fond.

Pays du Nord et du Sud s'affrontent en effet sur l'origine des financements du fond d'adaptation : soit un possible 2% issu des MDP (mécanismes de développement propre, à hauteur de quelques milliards par an) ou bien alors un pourcentage issu directement du marché du carbone, il s'agirait d'une taxe sur le marché, sorte de taxe Tobine de l'adaptation (et là, le marché est de quelques centaines milliards de dollars par an - et donc, la manne serait d'autant plus élevée pour l'adaptation). Première pierre d'achoppement Nord-Sud.
La seconde est également très importante, elle repose sur la destination des fonds. Les pays du Nord et l'Afrique du Sud militent pour que cet argent soit attribué à un fond spécial spécifiquement dédié à l'adaptation aux changements climatiques, alors que les pays du Sud demandent une totale liberté dans la gestion des fonds de l'adaptation. Ce point sera probablement le plus discuté, il oppose souveraineté des États et volonté de savoir où se trouve l'argent que l'on donne. Les détournements de fonds publics que l'on a connu avec l'aide au développement ne devront pas se répéter avec la manne énorme des fonds d'adaptation.

D'un côté les pays du Sud qui demandent une aide pour l'adaptation aux changements climatiques au nom du principe de justice climatique. Ce qui est normal. Et de l'autre, les États du Nord qui refusent que cet argent disparaisse d'un pot commun de l'État ou soit dans pire des cas détourné.
De mon côté, j'ai beaucoup participé aux discussions avec les États d'Afrique par rapport à ces points. Les discussions étaient tendues, car il ne faut pas oublier comme l'a rappelé Augustin dans un précédent post, chaque État a une voix et donc chaque État vend chèrement sa voix... C'est démocratique mais parfois trop peu éthique.

Sans compter que de son côté, l'UE était tiraillée par la Banque Mondiale sur le même sujet du fond d'adaptation. Des négociations interminables ont émaillé la première semaine de Conférence pour aboutir à un accord relatif le fond dont les détails ne seront dévoilés qu'au cours de l'année 2009.

A se demander dans quel sens ont avancé les travaux de la CoP 14 ?


Mon bilan personnel.

La conférence de Poznan est une grande première, clairement, une préparation pour l'année prochaine à Copenhague où l'enjeu sera tout différent. Si aucun accord n'est trouvé l'année prochaine, on se retrouvera dans une situation de vide juridique entre 2012 et 2016... Alors déjà qu'avec l'actuel protocole on a réussi à augmenter de 2,3% les émissions globales, qu'en sera-t-il sans accord ? Notre action, au sein de ma délégation devra clairement être améliorée pour être plus efficiente, être mieux informée et plus au fait des négociations en temps réel.
Ce fut également une très bonne école de la négociation internationale, on tombe des nues en se trouvant dans une telle conférence. On pourrait croire le protocole de Kyoto bien écrit mais il n'est que le fruit d'un interminable chipotage diplomatique entre négociateurs; la simple virgule est discutée jusqu'au bout de la nuit.


Enfin.

Le chantier du climat reste ouvert pour encore un an. J'ai un peu l'impression d'un malade du coeur que l'on a ouvert, et que l'on décide de laisser ouvert pendant un bout de temps pour savoir comment on va le sauver ou si on ne va pas tout simplement le refermer sans l'avoir opéré. Le malade c'est le climat. Le seul problème c'est que l'on n'a pas de chirurgien, enfin, en attendant Obama, n'est-ce pas ? Plus on attend, et plus cela nous coutera cher et plus les conséqeunces seront humainement, socialement et écologiquement irréparables. Le rapport Stern est clair, maintenant c'est 1% du PIB pour l'adaptation et l'anticipation, demain ce sera 10% du PIB par an pour essuyer les conséquences qui seront de plus en plus importantes...

Tout comme beaucoup à la CoP, j'ai espéré, escompté, rêvé l'effet Obama. Le seul effet que j'ai vu ou pu entendre fut celui d'Al Gore qui a terminé son discours d'un encourageant "Yes, we can". On peut, oui, nous le devons même, mais on n'a rien fait. Tous les travaux ont été reportés à l'année prochaine. Un certain sentiment de tristesse, de travail inaccompli, voire plutôt de colère envahit en repensant à cette conférence.

Jeunes du monde entier cherchent issue de secours.


Finalement, et pour conclure sur une note plus positive (ou moins négative). Je crois que finalement l'avenir du climat ne se trouve pas au niveau des États, et encore moins au niveau international, mais peut-être plus simplement au niveau local. Au cours de la conférence, j'ai assisté au point presse de représentants des gouvernements locaux, et ai été conquis. Quand je vois l'ampleur des travaux menés par ces collectivités de par le Monde (et notamment la Californie), je ne peux que me dire qu'il y a encore de l'espoir.


Finalement et simplement :

Think global, Act Local.

vendredi 12 décembre 2008

Al Gore en direct.

Le speech d'Al Gore devrait commencer d'ici quelques instants. L'instant est assez exceptionnel, dans la même salle vont se trouver trois Prix Nobel de la Paix : Al Gore en 2007, Rajendra Pachauri en 2007 (avec le GIEC), et Wangari Maathai en 2004.


Un seul être vous manque...

Voilà, c’est fini.

La 14ème Conférence de l’ONU sur les changements climatiques connaitra son épilogue officiellement ce soir. Officiellement, car les négociations sont susceptibles de durer jusque tard dans la nuit, voire pendant la journée de samedi.

Le volet technique a laissé place au volet politique : les ministres fraichement arrivés ont pour mission d’essayer de trouver des compromis sur la base des textes élaborés pendant deux semaines sur les différents sujets.

Que retenir de Poznan ?

Le discours de la plupart des pays industrialisés sera le suivant :

- Poznan a constitué un changement de vitesse entre Bali (COP 13) et Copenhague (COP 15). Des progrès ont été accomplis sur de nombreux sujets. Ils serviront de base aux négociations à Copenhague.
- Poznan a ancré l’idée que la crise financière ne servira pas d’excuse à ne pas lutter contre les changements climatiques (malgré les récentes déclarations de Silvio Berlusconi pour qui débattre des changements climatiques en ces temps de marasme économique, c’est comme aller chez le coiffeur lorsqu’on souffre d’une pneumonie).


Certes, Poznan a permis d’avancer sur certains sujets. Le fonds d’adaptation (cf article « Fonds cherche personnalité juridique pour pouvoir conclure) est peut être le plus emblématique d’entre eux, puisque comme le soulignait notre Secrétaire d’Etat à l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, la question n’était même pas évoquée il y quelques années encore.

Or, si les discussions persistent sur la manière dont va fonctionner ce fonds…

(Peut-il s’auto gérer ? Doit-il être géré par le Fonds pour l’Environnement Mondial - position de la France et de l’Allemagne – Doit-on accréditer les agences nationales jugées aptes à gérer ces fonds, au risque de voir les pays industrialisés accusés d’ingérence dans les PED ?)

…et sur son financement (un prélèvement de 2% sur la valeur des crédits issus du Mécanisme de Développement Propre doit-il être étendu aux autres mécanismes du protocole de Kyoto ?)

…son principe est définitivement acté et les pays industrialisés semblent décider à le mettre en place afin d’envoyer un signal clair aux PED.

Mais :

Le problème de cette conférence (et des négociations en général lorsque personne ne veut avancer un pion avant l’autre) est le suivant :

Les PED refusent de s’engager sur la question de la « vision partagée » à horizon 2050 (à l’exception de certains pays comme le Ghana, le Costa Rica ou le Venezuela), tant que les pays industrialisés n’ont pas réglé non seulement ces questions pratiques et financières à propos du fonds d’adaptation, mais surtout tant qu’ils ne se sont pas engagés sur des engagements chiffrés de réductions d’émissions de GES à horizon 2020.

Le vocabulaire à ce sujet n’a pas progressé depuis Bali, notamment à cause du Canada, de la Russie et du Japon : toujours pas de référence à un engagement chiffré et contraignant clair. Il n’y a dans les textes qu’une référence à la fourchette préconisée par le GIEC entre 25 et 40% de réductions d’émissions en 2020.

La solution ?

N’oublions pas tout d’abord que le Paquet Energie-Climat sera normalement adopté avant 2009. Même affaibli, il constituera le premier engagement chiffré de pays à horizon 2020. Cela devrait influencer fortement les négociations de Copenhague, puisque l’UE sera en position de force et n’aura pas à répondre perpétuellement aux attaques lancées contre ce Paquet.
(Notons toutefois qu'à l'heure où cet article voit le jour, Nicolas Sarkozy s'est transformé en Père Noël avant l'heure pour les pays nouveaux entrants dans l'UE http://www.lexpress.fr/actualites/2/un-compromis-final-emerge-sur-le-paquet-energie-climat_723813.html)

Mais c’est surtout en la personne de Barack Obama que peuvent se nourrir les espoirs les plus fous. Si les Etats-Unis s’engagent clairement, les autres pays industrialisés cités plus haut suivront. Un seul être vous manque…

Dernière information : la Conférence de Copenhague sera très probablement décalée d’une semaine pour éviter la cacophonie provoquée par la demande de l’Arabie Saoudite de décaler le jour férié qui avait été décalé en raison d’une fête musulmane (cf article « The moon is not part of the UN texts, right ?). Elle se tiendrait du 7 au 21 décembre.


Copenhague sera-t-elle vraiment la rencontre internationale la plus importante de l’Histoire, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, comme on nous le répète depuis quelques années ?

Attendez, chuuut, j’entends un bruit de couloir : on parle d’un Copenhague 2.

Nous connaissons tous cette tentation de toujours repousser au lendemain ce qu’on peut
faire dans l’instant. Cette sensation qui s’en suit de devoir toujours tout faire dans l’urgence. Cette satisfaction enfin d’avoir réussi « à s’en sortir ».

Mais ce qui s’applique à l’échelle des individus, ou à d’autres organisations internationales comme l’OMC ne s’applique pas aux Nations-Unies. Il est très difficile d’accélérer le mouvement dans une organisation fondée sur le principe de l'égalité souveraine de toutes les nations membres.

L’idée est belle. Le petit Etat de Tuvalu (9000 habitants) négocie sur un pied d’égalité avec des géants. C’est signe de bonne santé démocratique, oui mais…

…il y a urgence.

Action photographique


Pourquoi 350 ? C'est un appel à revenir à un niveau de 350ppm de CO2 dans l'atmosphère pour éviter que les changements climatiques n'aient des conséquences vraiment désastreuses. Le niveau actuel est de 397ppm...

jeudi 11 décembre 2008

High-Level in progress

Alors que les 8 premiers jours de conférence était chiant à mourir (soyons clairs !). Tout se débloque et tout le monde s'excite à présent ! L'arrivée des ministres et donc des décisionnaires politiques y est probablement pour quelque chose, les débats chauds et intéressants commencent enfin.

De dernière minute :

Le délégué américain vient d'affirmer que les USA sont prêts à s'engager sur une réduction globale des émissions de GES de 50% pour 2050. 50%, c'est la fourchette basse du GIEC (comprise entre -50 et -85%). Presque envie de crier Houra... Mais bon, attendons les engagements finaux demain au bout de la nuit polonaise !

L'Irak annonce sa volonté d'intégrer la Convention-Cadre des NU sur les CC.


Et en même temps à Bruxelles on pouvait entendre dans la bouche du très progressiste chef d'État transalpin :

"I think is absurd to talk about emissions cuts in this crisis moment. It is as if someone suffering from pneumonia were to think of going to the hairdresser." He added further that "to have a decision now is inopportune." (Je pense qu'il est absurde de parler de réduction d'émissions dans cette période de crise. C'est un peu comme si l'on coupait les cheveux à une personne souffrant d'une pneumonie". Pour ajouter juste après "prendre une décision maintenant est inopportune").

Action réussie

Ma délégation n'est définitivement pas comme les autres ! Nous n'avions prévu en venant ici qu'une seule et unique action, celle révisée à Berlin. Cette action nommée "Wrap it Up ! Act Now" est un projet de longue date, entamée dès le mois de septembre à Malmö en Suède, là où se déroula notre formation.
Cette action européenne consistait à demander à tous les jeunes européens que l'on pouvait rencontrer d'adresser un message à leur ministre et aux ministres européens sous la forme d'un petit bout de tissu. Peinture, collage, et coloriage furent faits à travers toute l'Europe; au final, ce sont 3 000 dessins de la sorte qui ont été collectés par la délégation.

Aujourd'hui, jeudi, alors que nous sommes en plein "High-Level Segment", le secrétariat des NU nous a autorisé à mener notre action dans les murs de la Conférence. L'objectif était d'inviter un maximum de ministres européens pour leur offrir un de ces dessins (sélectionnés par nos soins). De nombreux ministres de l'environnement sont venus : Allemagne, Finlande, Grande-Bretagne, Malte... La France manquait ce matin à l'appel, la France étant présidente de l'UE jusqu'à la fin de ce mois, il fallait que l'on trouve Monsieur Borloo et Madame Nathalie Kosciusko-Morizet. Malheureusement pour des raisons d'emploi du temps plus que chargé, ils ne pouvaient participer, ni même recevoir leur cadeau européen !

Mais...

Madame la secrétaire d'État à l'écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, le dessin et moi.



Négocier (du latin : negotium, marchander).

Un petit point sur les négociations.

En parallèle des séances plénières, la trame des négociations tisse plusieurs fils (celui d’Ariane serait bien utile pour nous, parfois égarés dans ce dédale d’acronymes –PFC au titre des MDP, OSCST, AWG LCA et KP, REDD, EGTT…-, de références parfois obscures aux précédentes négociations, ou de jargon technique). Il y a donc les groupes de travail, les groupes de contact, les réunions bi ou multi latérales, ou encore les concertations informelles.

C’est de ce côté que les négociations avancent le plus…ou pas. Puisque la multiplication de ces concertations informelles et groupes de contact constitue pour certains un aveu d’impuissance. Ou en tout cas d’une lacune concernant les priorités à établir.

C’est en tt cas ce que relatait le « Bulletin des Négociations de la Terre », publié par l’IISD (Institut International du Développement) qui prenait les réactions de quelques délégués « à chaud » : “Nous sommes tous occupés, mais je n’entends pas beaucoup de monde reconnaitre l’énormité de la tâche qui nous attend l’année prochaine ou s’inquiéter de la fenêtre d’opportunités qui se ferme ici à Poznań ».

Ce qui reste traditionnel pour certains, davantage rompus au jeu des négociations : “La réunion n’étant pas une réunion ‘butoir,’ nous sommes encore dans un jeu d’attente – personne ne va risquer de jeter la moindre carte à ce stade” .

Image qui rappelle sans équivoque que, négocier, c’est presque comme jouer au poker… et apparemment personne n’est prêt à relancer…alors même que le tapis est constitué in fine d’un ensemble de biens communs…

Pour faire un petit bilan de la première semaine, on peut reprendre plusieurs éléments et les catégoriser….

Les évidents :
· L’ensemble des délégations clame en effet que la lutte contre les changements climatiques doit rester une priorité au niveau international malgré la crise financière et économique. Mais aussi que Poznań doit donner un nouvel élan aux négociations dans la perspective de Copenhague.
· Le commissaire européen Stavros Dimas l’a lui aussi répété plusieurs fois au cours de la journée d’hier, insistant sur les objectifs de l’UE qui demeureraient « intacts » et sur le message clair ( est-ce si clair? ou suis-je myope?) de Poznań : toutes les délégations sont déterminés à voir naître un accord international en vue de la COP15.

Les délicats :
· Si la première semaine a été l’occasion de définir l’agenda 2009, les progrès sur les points techniques semblent très limités. En guise d’illustration, les enjeux liés à la lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts cristallise autant de tensions entre pays en développement et pays industrialisés. C’est un peu à qui lâchera en premier, quelque part…

Les « consensuels » :
· Sur la vision partagée à long terme, pour schématiser, cette volonté d’avancer ensemble dans une même direction : une société sobre en carbone, donc sobre et efficace dans sa consommation énergétique, en bref prouver sa résilience face aux changements climatiques. Et pourtant au vu des « fossil of the day awards », on est loin du compte ! (hier, the winners were again… guess who ? France, USA et avant hier le Canada!!) Et cette vision ne semble pas vouloir être partagée par le G77, qui ne souhaite pas s’engager.
· Sur l’adaptation, on semble réellement accorder les violons : un cadre orchestré par la CNUCCC, et la nécessité de se focaliser sur les pays les plus vulnérables.

Les bonnes idées :
· Les protocoles de Montréal et de Kyoto doivent être désormais coordonnés : le rapport du Protocole de Montréal suggère de substituer le concept de substances appauvrissant la couche d’ozone qui sont encore présentes dans l'Union européenne, principalement contenues dans les équipements de réfrigération et les matériaux d'isolation utilisés dans la construction (ODS Banks - Ozone Depleting Substance) par celui de gaz à effet de serre ayant un fort potentiel de contribution au réchauffement climatique.

Les à développer (et par là j’entends par Augustin cf Article « Fonds cherche personnalité juridique pour conclure ») : le fonds d’adaptation, qui bloque vraiment pour l’instant.

Hier soir, la plupart des groupes d’experts ont rendu leurs conclusions, plus ou moins satisfaisantes à leur goût… Pendant que les ministres faisaient une entrée fracassante dans le pavillon européen où la tenue d’un banquet pour plus de 500 personnes, avec armée de serveurs et nombreux sushis –cherchez l’erreur- clôturait une journée spéciale Afrique, certains groupes d’experts, eux, continuaient leur quête d’un accord..

Ils y auront probablement passé une partie de la nuit. Quant aux résultats et perspectives, désormais entre les mains des politiques, l’horizon demeure pour une bonne partie foggy…Colombo n'aurait pas dit mieux...

mercredi 10 décembre 2008

Fini de s'amuser

On entre enfin dans le vif du sujet, bien que cette année le sujet et les négociateurs ne soient pas très vifs... Le "high-level segment" commence en effet aujourd'hui. En jargon diplomatique ou onusien, cela signifie que les ministres chargés des questions de changements climatiques sont présents à la conférence.
Ce matin, cérémonie d'ouverture du "high-level segment" avec Mr. Ban Ki-moon (sécretaire général des Nations Unies), Mr. Lech Kaczynski (président de la Pologne) et d'autres présidents et premiers ministres d'Europe, d'Océanie et d'Amérique.

Que la fête commence !

Les lobbyistes ont changé

Les temps changent, les lobbyistes aussi !

Il y a encore deux ou trois CoP, les lobbyistes des industries sillonnaient les couloirs en professant que les changements climatiques n'existent pas et en proposant le perpétuel paradigme "business as usual" (BAU, dans le rapport du GIEC). La recette du bon lobbyiste était connue de tous, discussion informelle au cours de la journée et puis invitation le soir à un "side event" (événement en parallèle de la conférence) avec grands vins français, petits fours et bonne ambiance chic et branchée.

Rassurons-nous, seul le message a changé, les lobbyistes aussi, un peu ! A présent, ces derniers sont totalement conscients de l'ampleur et de l'existence des changements climatiques, ils proposent même des solutions. Bien entendu, rassurons-nous encore, la solution proposée n'est pas une réduction de la consommation énergétique ou un changement dans les habitudes de vie ! La nouvelle marrotte, le nouveau business qui explose en ce moment, c'est le carbon trading. En conséquence, des traders, des industriels ou des lobbyistes professent à présent tous le même message : "le climat change, le marché du carbone réduira les émissions" !
Comme une action, la tonne sera bientôt côtée, peut-être même en continu. Un nouveau marché, totalement nouveau pour spéculer.

Hier soir, avec des amis russes, j'ai eu l'occasion d'assister - participer - à une telle soirée; l'ambiance est clairement à la fête. Le rôle de ces lobbyistes est de plus en plus important et leur sarguments sont de mieux et mieux entendus. À l'instant, l'une de leur représentante a eu la possibilité de s'exprimer en plénière de clotûre du groupe LCA... Mais c'est également sans compter, ceux des carbon traders qui sont directement intégrés dans certaines délégations officielles (notamment celle de la Russie).


Les plus importants leaders et les chefs de file de ce carbon trading est l'International Emission Trading Association (IETA).

Bienvenue dans l'antre du droit international de l'environnement

La place des diplomates français : d'ailleurs, ce sont deux personnes très agréables et prêtes à la discussion !

Voici la plénière. C'est ici que commence et termine officiellement la CoP; mais pas seulement. Chaque groupe de travail (AWG) remet également ici la somme de ses travaux.
C'est donc dans cette immense salle très onusienne que tout se décide ou que rien se décide (d'aileurs) !

Un appel pour le climat

Chers lecteurs, il est temps de passer à l'action !


En ce moment précis, le président Nicolas Sarkozy se prépare à rencontrer les autres chefs d'États européens pour signer l'accord sur le changement climatique et sur l'énergie. Cet accord est une innovation importante et doit servir d'exemple au reste du monde pour les négociations internationales sur le changement climatique. Si l'accord européen n'est pas assez ambitieux (ce que tous les signes laissent à penser jusqu'à présent), cet accord compromettra notre avenir. La France a un rôle particulièrement important dans ces négociations puisqu'elle préside l'Union Européenne, elle peut donc influencer fortement le cours des choses.

Nous avons une petite chance d'influencer encore le cours des choses.

Dans les prochaines 24 heures, trouvons autant de personnes que possible pour appeler le bureau de Nicolas Sarkozy et lui demander de s'efforcer de négocier un accord sur le climat que nous méritons.


Voici les étapes à suivre:


1. Appelez ce numéro: 01 42 92 81 00
2. Expliquez qui vous êtes, d'où vous venez et demandez de laisser un message pour Nicolas Sarkozy.
3. Le standardiste vous dira que vous ne pouvez pas laisser de message mais que vous pouvez envoyer un fax.
4. Dites lui que c'est urgent, que vous voulez voir Nicolas Sarkozy pousser et obtenir un paquet climatique AMBITIEUX (il y a un risque qu'il s'efforce d'obtenir un accord à tout prix).
5. Trouvez trois amis pour faire la même chose.
6. Faites passer la vidéo à autant de personnes que possible.
7. Félicitations, vous venez d'accomplir votre devoir de citoyen engagé pour le climat.


Merci,


Les jeunes délégués Français présents à la conférence de l'ONU sur le changement climatique.

mardi 9 décembre 2008

Conférence de presse des jeunes de la CoP


Les jeunes délégués de la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ont donné hier leur conférence de presse afin de présenter et d'expliquer leur positionnement, leurs attentes vis-à-vis de la CoP de Poznan.

Les cinq continents du globe étaient représentés avec une parité presque parfaite. Le message porté par les jeunes est clair et sans concession : il est plus que temps d'agir, réveillons-nous avant qu'il ne soit trop tard. Ce fut un poignant appel lancé aux dirigeants présents ou non à Poznan. L'ensemble de la jeunesse leur demande de prendre rapidement leurs responsabilités pour que la génération future n'ait pas à subir des conséquences désastreuses des changements climatiques.

Quel que soit le continent, le message est le même, il est demandé d'arrêter de discuter chaque année sans aucune utilité mais d'agir concrètement et de passer à l'action.

La conférence de presse d'une trentaine de minutes a été très suivie par les journalistes et les jeunes présents à la Conférence.

L’inspecteur Colombo a encore une question

Vis-à-vis des engagements chiffrés sur lesquels les pays industrialisés doivent s’accorder avant fin 2009, nous avons bien peur que Poznan fasse chou blanc.

Quelqu’un en doutait-il vraiment ? L’absence de Barack Obama, qui n’est pas encore officiellement président, y est évidemment pour beaucoup. Les délégués de l’administration Bush ne sont que des pantins à Poznan.

Mais le Paquet Energie-Climat, qui doit décider si l’UE s’engage sur un objectif de 20 ou 30% de réductions de GES d’ici à 2020, se discute en ce moment même. Les chefs d’Etat européens se rencontreront les 11 et 12 décembre prochain alors que la Conférence de Poznan prend fin le 12 décembre. Les négociations internationales sont étroitement liées à l'avenir du Paquet Energie-Climat européen.

« Dites m’sieur, c’était vraiment pas possible de finaliser ce Paquet Energie-Climat fin novembre avant le début de la Conférence, afin que l’UE puisse jouer un rôle de « leader », fort d’un Paquet Energie-Climat ambitieux fixant un objectif de 30% en 2020 ?

Pas possible de tenir le calendrier parce que les Polonais et les Italiens ont soudainement pris peur pour leur économie ? Ah c’est donc ça.

Heu, excusez-moi mais je me permets d’insister : la proposition de la Commission de révision du marché carbone européen ne date-t-elle pas du 23 janvier 2008 ? Ah voilà c’est bien ce que je pensais vous me rassurez bien m’sieur !

Attendez mais alors, l’Italie ou la Pologne étaient-elles obligée d’attendre mi-octobre, soit 45 jours avant le début de la Conférence, pour se plaindre du fait que la mise aux enchères des droits d’émissions allait affaiblir leurs économies ? Silvio Berlusconi n’aurait-il pas pu déclarer plus tôt que cette proposition - pourtant à la base des pistes de financement pour des mesures d’adaptation et de réduction d’émissions dans les PED – était « ridicule » ?

Oui M’sieur, je sais bien que le jeu des négociations consiste toujours à demander plus pour obtenir suffisamment.

Mais, a-t-on encore le temps de jouer ?

Vous me dites que la Pologne refuse catégoriquement de faire acheter à ses compagnies électriques le moindre droit d’émission, réclamant leur gratuité totale, au motif qu’elles fonctionnent à 96% au charbon. Hum, oui je comprends c’est délicat, il s’agit de faire des compromis.

Ah mais attendez ça me revient, on m’a dit que ces compagnies appartiennent en partie à l’Etat, et sont en passe d’être privatisées. J’imagine que l’Etat Polonais a tout intérêt à patienter afin de les vendre à un meilleur prix, profitant de la valeur ajoutée des droits d’émissions.

La Pologne demande en plus une compensation de la part de l’Europe pour un manque à gagner de l’Etat ?

Ca ne s’appelle donc plus un compromis n’est-ce pas ? Vous avez une expression française qui dit, je crois, « vouloir le beurre et l’argent du beurre ».

Mais m’sieur, dernière petite question, qui était chargé de faire en sorte que ce jeu des compromis soit terminé avant Poznan ? Le pays qui assure la présidence de l’UE depuis près de 6 mois, ah, c’est donc cela…

Quand je vais raconter ça à ma femme… »

Fonds cherche personnalité juridique pour pouvoir conclure

La question du Fonds d’Adaptation anime ce début de deuxième semaine à Poznan.

Les pays en développement seront les premiers à souffrir des impacts des changements climatiques. L’Adaptation, l’un des 5 piliers du plan d’action de Bali (cf article « Le climat de la Conférence »), est donc à l’honneur.

Recette pour des négociations réussies :

Si vous voulez envoyer un signal fort aux pays en développement (nous devrions dire « low income nations » mais le langage onusien ne s’embarrasse pas de ce genre de considérations), leur montrer que vous avez conscience tant de leur incapacité financière à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique que de la responsabilité qui est celle des pays industrialisés : réglez la question du fonds d’adaptation. La suite des négociations sur d’autres points n’en sera que meilleure.

Malheureusement, même si vous suivez à la lettre les meilleures recettes, le résultat est parfois amer. La faute à une coquille d’œuf qui vient se glisser dans la mayonnaise, ou à une poignée de sel un peu trop franche.

Le grain de sel en trop s’appelle ici la Banque Mondiale.

Le Fonds d’Adaptation n’a pas la personnalité juridique pour signer des contrats avec les agences nationales des pays en développement susceptibles d’utiliser les fonds. S’il fallait le doter du statut juridique adéquat, il faudrait amender le Protocole de Kyoto et cela prendrait des années.
La solution passerait donc par plus de flexibilité : permettre au Fonds pour l’Environnement Mondial de le faire à sa place.

Mais la Banque Mondiale, qui est chargée de mettre à exécution les projets du FEM, s’oppose à cette solution. Elle est plutôt favorable à un système d’accréditation des gouvernements nationaux qui jugeraient d’eux-mêmes les entités nationales en mesure ou non de mener à bien des projets d’adaptation. A l’inverse, l’Union Européenne serait plutôt favorable au fait de passer par le FEM.

L’épineuse question sous-jacente à ce débat, dont personne n’ose vraiment parler, est celle de la capacité des pays en développement à gérer efficacement ces fonds et de manière transparente.

Ce que tout le monde pense tout bas : « Une fois qu’on a donné l’argent, il va où ? »

Quoiqu’il en soit, alors que l’UE cherche à négocier avec la Banque Mondiale et que les ministres arrivent mercredi, il serait temps de trouver une solution avant que les PED s’offusquent de cette suspicion et finissent surtout par croire que les pays industrialisés ne font rien pour aller dans leur sens.

Bienvenue au Computer Center


L'un des lieux les plus incroyables de centre de conférence : le computer center. Ouvert toute la journée, il met à disposition des délégués plus de 100-200 ordinateurs en libre-service !


L'Ukraine défie la science !

Petite nouvelle du jour trouvée dans ECO, le journal du Réseau Action Climat international, fournissant une excellente information sur les activités lors des groupes de travail (AWG) de la journée précédente.

Dans celui d'aujourd'hui 9 décembre, on pouvait trouver l'information suivante :


"La délégation Ukrainienne a prévu de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% pour 2020 et de 50% pour 2050 par rapport au niveau de 1990. Cela semble une vraiment bonne chose. Mais en réalité, les émissions de l'Ukraine ont augmenté de 55% depuis 2020. Cet objectif de réduction de 20% permettrait donc à l'Ukraine d'augmenter ses émissions de GES de 77% par rapport à 1990 ! Petit rappel à la délégation ukrainienne, l'objectif de la Convention n'est pas d'augmenter les émissions de gaz à effet de serre, mais bien de les réduire ! N'est-il pas temps pour eux de revoir leur position et de proposer une cible plus en accord avec l'idée de la convention cadre ?!"

Rassurez-vous, la mauvaise foi dans les relations internationales n'est pas que le fait de l'Ukraine !

Position AOSIS - SIDS

Afin de renforcer leurs positions dans les conférences internationales, dont celles sur le climat, des pays ayant des intérêts similaires se rassemblent sous un bannière et forment un groupe. Le groupe le plus proche de celui des ONG est incontestablement celui des SIDS (Small Islands Developping States ) et des AOSIS (Alliance of Small Islands States).
Ces deux groupes ont les positions les plus avancées en matière de changements climatiques et d'actions pour la réduction des GES et l'adaptation dans la mesure où ils seront les premiers et les plus directement concernés par les conséquences du réchauffements climatiques; principalement du fait de l'augmentation du niveau des océans et par voie de conséquence de la submersion de leurs îles.

Chaque groupe à la CoP présente des propositions qui seront les éléments de la négociation; voici donc les propositions (rapidement énumérées) du groupe SIDS/AOSIS :

- Arriver à un pic de température en 2015, l'augmentation de la température moyenne à la surface du globe devant être limitée entre 1,5 et 2°C; une augmentation supérieure à ce niveau ayant des conséquences désastreuses pour ces États.
- Revenir et maintenir une concentration atmosphérique de CO2 à un niveau inférieur à 350 ppm (actuellement 384,75 ppm, source GIEC).
- Réduire les émissions à l'échelle mondiale de 85% à l'horizon 2050, en demandant un effort spécifique aux pays développés de l'Annexe I d'une réduction de 95% des émissions de GES.


Ambitieux. Ce n'est pas pour rien que nous les soutenons !

lundi 8 décembre 2008

Rencontre avec S.E. l'ambassadeur pour les changements climatiques Brice Lalonde

Grâce à un email un peu opportuniste de ma part envoyé il y a de cela trois jours à Monsieur Brice Lalonde, nous avons eu aujourd'hui la chance de rencontrer l'ambassadeur dans son bureau pour discuter avec lui de la position française, des négociations, et de la place et du role des étudiants en général dans les questions relatives aux changements climatiques.

Récit de la rencontre et de sa préparation :

Toute rencontre de cette importance commence par un meeting préparatoire, en l'occurence avec Jeremy de Solar, Carine de Greenpeace, Sabrina et moi-meme du REFEDD. Il était donc entendu d'axer notre rencontre autour du role des étudiants dans les questions de climat, la manière de les conscientiser et également sur le role de la France dans ces négociations internationales.

La rencontre fut franche, directe, Brice Lalonde ayant laissé tomber la langue diplomatique pour nous parler honnêtement, probablement plus en tant que citoyen et ancien militant, que diplomate nous donnant ses impressions sans détour (raison pour laquelle je ne dévoilerai pas l'ensemble de la conversation)...

Premièrement, et j'y reviendrai plus tard, la position de la France n'est pas, il n'y a pas de position française clairement affichée; le paquet climat énergie qui sera voté le 11 et 12 donnera la position européenne et de fait, la position française. En conséquence de cela, l'Union Européenne, mais également la France ne prennent pas de position claire, ni n'assument leur role de leader que l'on pouvait attendre d'elles deux... Le 12, se terminera la CoP.
Un seul élément transparait pourtant du coté francais : 20% de réduction des GES pour 2020 et éventuellement 30% en cas d'accord international sur le climat.

Soit.

Deuxièment et découlant de ce premier point, l'issue de cette conférence semble de plus en plus compromis, un accord minimal en sortira, 82 pages du groupe AWG-LCA pour aboutir à un accord avant 2009. Le président de ce groupe de travail voulant négocier de manière progressive et sans faire de vagues pour éviter les pays parties à la convention.

Enfin.

Concernant la partie étudiante et climatique, Monsieur Brice Lalonde affiche clairement son soutien. En tant que président du REFEDD et membre d'une délégation europénne, j'étais présent auprès de l'ambassadeur uniquement et seulement pour tenter d'améliorer les possibilités offertes aux étudiants de participer aux processus décisionnels francais, européens et internationaux sur le climat et l'environnement.
Une année 2009 du climat dans l'enseignement supérieur a été proposé par les étudiants présents. Reste à déterminer plus clairement les contours du projet, et avec qui le mener...


Un très bon article sur Brice Lalonde par l'AFP : www.afp.fr


PS: vous vous en douterez, le clavier n'est pas un AZERTY. Le computer center et ses 300 ou 400 ordinateurs à disposition des délégués a ses limites.

News du jour

News du jour : pas de side events officiels, pas de meetings organisés pour toute la journée.

Aujourd'hui, c'est férié. C'est en effet l'Aid-El-Kebir; bonne fête à tous les musulmans de la CoP et d'ailleurs. En réalité, la ruche n'a pas arrêté de vrombir, les meetings ont juste été déplacés dans l'hôtel Sheraton juste en face du centre de conférence. Mais attention... ce ne sont pas des réunions officielles !

dimanche 7 décembre 2008

A Poznan aussi, on manifeste

Pour la journée d'action mondiale sur le climat du 6 décembre 2008, les ONG, parties, et citoyens polonais et d'Europe de l'Est s'étaient donné rendez-vous à Poznan pour manifester leur désir de changement dans les changements climatiques et inviter les parties présentes à Poznan à prendre leur responsabilité dans les domaines climatiques !

Le message porté par les manifestants était clair : "ACT NOW !" (avec qu'il ne soit trop tard...).

Quelques photos :


Indiscrétion n°2

Toutes les parties présentes à la CoP de Poznan s'attendent à un échec réel des négociations, c'est la raison pour laquelle de nombreuses personnes, des délégués (anglais, américains, suisses), des experts internationaux (américains, et également de la Francophonie) parlent tous de cette CoP 14 and a half (intermédiaire entre Poznan et Copenhaguen en décembre 2009).
Probablement un engagement fort des membres du G8 lors du prochain sommet. Mais attendez-vous à un événemetn climatique important entre mars et juillet 2009. La situation pourrait commencer à se débloquer à l'initiative de... OBAMA (toujours lui) !

Indiscrétion n°1

La question est en ce moment sur toutes les lèvres de la Conférence :

Viendra, ou viendra pas ?

On parle évidemment d'Al Gore, attendu normalement pour jeudi prochain à 19h00 en plénière. La délégation des observateurs du président Obama sont arrivés hier.

7 ans pour sauver les forêts


Le titre est clair, le titre dit tout ce qu’il faut comprendre. Selon le dernier rapport du GIEC (AR4, 2007), le point de non-retour de la déforestation sera atteint d’ici 7 ans. Cela signifie concrètement que si la communauté internationale n’agit (très) rapidement pour réduire voire arrêter la déforestation et la dégradation des forêts alors ces dernières « poumon de la planète » seront irrémédiablement détruites. Or, d’une part, les forêts sont d’immenses réservoirs de biodiversité, des espèces nouvelles sont découvertes chaque jour en Amazonie, et dans les autres forêts tropicales et équatoriales. Et surtout d’autre part, elles sont d’immenses réservoirs de carbone, les brûler et les détruire entièrement conduiraient alors à libérer tout le carbone qu’elles contiennent et ne joueront également plus leur rôle de capture du CO2.

Cette destruction entraînera donc non seulement une perte substantielle de la biodiversité, mais également donc une augmentation très importante de la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère terrestre.

Les États-membres à la convention, conscients de cet état de fait ont décidé de la création lors de la CoP de Bali en 2007 du groupe REDD (reduction of the emissions by deforestation and degradation). Les négociations au sein de ce groupe laissent comme à chaque négociation place à une foire telle la place du marché, une enchère au plus ou moins offrant, à celui qui fera le plus de concessions. Bien entendu, l’idée de faire une concession volontaire pour protéger l’environnement n’a pas effleuré l’esprit des négociateurs et des États-membres, c’est la raison pour laquelle a été créé un système gagnant-gagnant…

Le système de protection des forêts mis en place consisterait à intégrer celles-ci dans le futur marché mondial du carbone. La forêt, selon sa capacité de stockage, aurait alors un prix qui serait payé par les pays industrialisés pour qu’eux puissent émettre des GES et que les pays en développement (principaux détenteurs des forêts d’importance) puissent utiliser cette manne financière pour arrêter la déforestation et permettre un développement soutenable de ces pays.

Tout cela semble parfait, les uns y gagnant autant que les autres, mais il faudrait cependant apporter trois critiques :
- La première critique que l’on peut apporter est celle reposant sur la viabilité et la fiabilité systémiques des marchés financiers. Les cycles de Kondratiev sont connus, tous les 8 ans une crise financière majeure intervient. La Crise actuelle et huit ans auparavant l’explosion de « la bulle internet » en 2000 sont là pour nous le rappeler ; les marchés financiers ne sont pas fiables. Pouvons-nous laisser exploser dans quelques années une « bulle carbone » qui réduirait à néant tous nos efforts pour durabiliser les sociétés et l’économie mondiales ?
- Le second problème qui se pose est celui du coût du CO2. Par le biais d’un jeu d’offre et de demande organisé sur un marché spécifique (comme Bluenext en Europe), la tonne de carbone serait côtée comme une action ou un baril de pétrole (!). Ainsi, des émetteurs de gaz à effet de serre (comme des industries, ou des États) pourraient acheter des tonnes de CO2 à des pays ou des industries qui en auraient émis moins que leur quota ne les y autorisaient. Mais que se passerait-il si en plus des quotas offerts aux États et aux industries, on ajoutait la capacité d’absorption du CO2 des forêts des pays en développement ? Sachant que la déforestation représente 25% des émissions globales, le coût de la tonne ne serait-il pas directement affecté à la baisse ? Encore une fois, nos efforts ne seraient-ils pas réduits à néant ?
- Enfin, il faut se rappeler l’intérêt du protocole de Kyoto de 1997 et de la Convention Cadre signée à Rio en 1992. L’objectif originel est de réduire de manière drastique les émissions de gaz à effet de serre à l’origine des changements climatiques pour éviter que le réchauffement climatique n’atteigne le seuil fatidique et critique de 2°C d’augmentation. De ce fait, la dernière et majeure question qu’il convient de se poser est liée au fait que le jeu économique mis en place par le marché du carbone est à somme nulle. C’est-à-dire qu’un émetteur achète une tonne à un capteur de carbone, au final, il n’y a pas de réduction réelle des émissions de GES anthropiques (d’où une somme climatique nulle). Par conséquent, l’objectif potentiel et minimal de réduction de 20% des émissions de GES à l’horizon 2020 semble donc très loin et dur à atteindre. Un tel marché économique à somme nulle conduit à s’interroger sur l’ineffectivité finale du système pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Dans le domaine des changements climatiques, il n’y a pas deux personnes dans le couple économique, pas seulement un pays émetteur et un pays capteur, mais un pays émetteur, un pays capteur et enfin et surtout l’environnement et la génération qui vient après la nôtre ! La régulation écologique par le biais de la finance conduit logiquement et légitimement à se poser des questions tant d’un point éthique et moral que d’un point de vue économique et systémique. Il ne reste plus qu’à espérer que ces questions seront posées lors des discussions concernant le REDD.

Genèse de l'idée de l'article : le train Berlin-Poznan est un lieu de rencontres exceptionnelles, avec mon ami Ronny (Allemand du board de BundJugend) nous avons eu la chance de partager 4 heures de train en compagnie d'un expert américain travaillant avec la nouvelle administration américaine sur les questions de climat : Obama et Al Gore !

vendredi 5 décembre 2008

Mefiez-vous des caribous


Recevoir six "Fossil of the Day"* en l'espace de cinq jours de COP? Statistiquement impossible! Seule quelque manipulation du jury pourrait mener un pays a un tel palmares en si peu de temps. Et bien, sachez-le, ici a Poznan, impossible n'est pas canadien!
Lumiere sur un pays qui n'est visiblement pas dispose a negocier...
Stephen Harper, premier ministre d'une des nations les plus riches du monde, n'est pas homme a prendre des pincettes. Pour ce conservateur, c'est evident, signer le Protocole de Kyoto fut une grave erreur. Pour lui, lutter contre le changement climatique et redoubler d'effort pour exploiter le petrole national n'a rien d'incompatible. Et se defendre de ne pas pouvoir reduire les emissions de gaz a effet de serre de son pays du fait de sa taille et qu'il y fait froid n'a rien de ridicule! Bienvenu dans le monde d'un homme qui doute encore des liens de cause a effet entre rechauffement climatique et activites humaines...
Si Harper n'attend rien de Poznan ou de Copenhague, c'est surtout du fait des 200 milliards de dollars investis dans l'exploitation du petrole canadien via le "tar sand". Faute de trouver une traduction, il faut savoir que le tar sand est une technique d'extraction de petrole qui est obligee de plonger tres profond sous terre pour extraire ce que l'on appelle du "bitumen". Probleme, un barril issu du "tar sand" produit trois fois plus d'emissions de gaz a effet de serre qu'un barril normal. Visiblement un simple detail pour le premier ministre comme pour les firmes qui exploitent ces ressources (Shell et Syncrude entre autre), qui ont plutot a l'esprit que jusqu'a present, seul 4% de ces ressources a ete exploite. 4% qui representent deja pourtant autant d'emissions que quelques 800.000 voitures...
Ajoutez a cela le fait que le Canada ait fixe son objectif de reduction de gaz CO2 a 20% d'ici a 2020 (...en prenant pour date de base 2006 !), ce qui signifie en fait un objectif de 2,6% de reduction si l'on prend, comme pour le reste des signataires du Protocole de Kyoto, 1990 comme date de base, et vous comprendrez vite pourquoi le Canada a depuis lundi reussit le formidable pari de raffler 6 "Fossil of the Day".
Notons enfin que depuis 1990, le Canada a vu ses emissions de gaz a effet de serre augmenter de 26%, et meme de 50% si l'on integre les consequences de la deforestation dans le pays.
Une delegation d'un pays industrialise qui ne jouera donc clairement pas un role de leader durant cette COP14.
On en cherche encore un a vrai dire.
* Le "Fossil of the Day" est un prix remis chaque soir aux 3 pays designes cancres du jour durant les negociations. Un evenement qui rassemble chaque fois de nombreux medias et qui denonce efficacement les "Etats bloqueurs".
ps. ajoutons que Harper vient de suspendre le Parlement canadien jusqu'a Janvier afin de faire face a une grave crise politique. Neanmoins, une telle situation n'excuse en rien l'inaction de son gouvernement face aux enjeux environnementaux actuels.
ps. desole pour les accents, je suis sur un clavier polonais!

Bienvenus dans la ruche climatique

Quelques impressions personnelles après quelques heures passées à la Conférence de Poznan. Bien entendu, l'entrée ressemble à celle d'un aéroport, portiques de détection de métaux, agents de sécurité pour la fouille au cas où, présentation des passeports pour obtenir les accréditations avec une photo prise instantanément.
Une fois l'entrée passée, on entre dans le saint des saints échanges sur le climat. Un lieu de conférence divisé entre une dizaine de bâtiments, immense.
Mais l'impression la plus importante que l'on ressent en entrant dans un tel endroit, là où est censé se décider les climat des 50 voire 100 prochaines années sur Terre, c'est l'hyperactivité, je ne suis jamais rentré dans une ruche, mais cela y ressemble vraiment. Des gens qui courent par groupe de deux ou trois, l'oreille collée au téléphone, l'ordinateur sous un bras et des dossiers sous l'autre.

Malgré tout ce que l'on peut croire et penser sur ces conférences internationales, il s'y passe vraiment quelque chose, on a du mal à en voir les résultats rapidement. Mais on y travaille réellement ! Le plus gros handicap de ces conférences est probablement le chipotage diplomatique, une phrase est discutée pendant une heure, et la conférence ne dure que 12 jours...

Quelques photos de portable ce soir !

mercredi 3 décembre 2008

Responsabilité, Capacité, Equité

Telle doit être la devise du nouvel accord international sur le climat.

Les trois mots sont au cœur de nombreux débats au sein de la conférence de Poznań, avec autant d’enjeux en filigrane, en particulier pour les Pays en Développement.

Le Rapport de Paul Baer et Tom Athanasiou d’Ecoequity et Sivan Kartha du Stockholm Environnement Institute, avec le soutien de Christian Aid et de la Fondation Heinrich-Böll, qui place ces trois paramètres au cœur d’une étude, mérite d’être analysé plus en détails.

Lorsque la plupart des commentaires sur les négociations précédentes restaient sur une vision très « clivée » du problème des GES, opposant dans une logique de bloc quelque peu manichéenne pays développés contre pays en développement, cette étude prend en compte les évolutions liées au développement.
La carte des grands émetteurs s’est en effet profondément transformée, et au sein du groupe des pays en développement (grosso modo le G77), le souci de la différenciation doit, à l’instar d’une lentille correctrice, venir atténuer les disparités qui règnent.

Donc non, Botswana et Chine, pas même combat, (elle nous en apprend des trucs !) puisque cette dernière a remporté en 2007 le triste trophée du premier émetteur de GES de la planète, devant les États-Unis.
Le tiercé (gagnant ?) Responsabilité/Capacité/Equité prend donc tout son sens, esquissant un cadre de réflexion novateur, proposant des critères à cette différenciation.

Responsabilité. Qu’entend-on par la ? Pour certains il s agit des émissions cumulées de CO2, entre 1990 et 2000, d’origine fossile. Mais on parle également de responsabilité historique, puisque les pays développés ont commencé à émettre dès 1850, et que ces émissions ont elles aussi évidemment contribué à la situation que nous connaissons aujourd’hui (mais que celui qui n’a jamais péché par ignorance jette la première pierre – le 1er rapport du GIEC date, comme le soulignait Augustin, de 1990-).

La capacité concerne quant à elle le seuil de développement humain et le PIB par habitant. A partir de ce postulat, l’initiative Greenhouse Development Right (en français DDMCC – Droit au Développement dans un Monde sous Contrainte Carbone) a fixé ce seuil à 20 dollars par jour. Et en croisant les données, ils ont élaboré un nouvel outil : l’ICR (Indice de Capacité et de Responsabilité, qui croise toutes ces données).

Grâce à cet ICR, il est possible de fixer des objectifs de réduction d’émissions en fonction du pourcentage de la population au dessus de ce seuil de développement de 20 dollars/jour. Ainsi on demanderait une contribution pour financer les mesures de réduction des émissions aux classes moyennes et riches du monde entier. Il va de soi qu’en utilisant cet indice, les pays du Nord resteraient les principaux contributeurs : aux Etats-Unis, près de 95 % de la population se situe au-dessus du niveau de 20 dollars par jour, contre environ 5 % en Inde, mais surtout 20 % en Chine.
Ce qui permet par exemple que la sans cesse grandissante classe moyenne chinoise ne soit pas un passager clandestin de la lutte contre les CC.

En effet, à la fois en ce qui concerne les émissions et les revenus, au niveau global, les disparités sont éloquentes, et elles mènent à une forme de catégorisation nouvelle au sein des pays en développement ; en intégrant la variable « inégalités sociales », on sort donc de l’opposition Nord/Sud pour aller vers une nouvelle typologie :

On a donc quatre « types » de pays en développement qui se détachent :
• les nouveaux pays industrialisés
(ex : Corée du Sud, Qatar, Arabie Saoudite, Singapour),
• les pays en développement à croissance rapide
(ex: Argentine, Brésil, Malaisie, Chine),
• les autres pays en développement
(ex : Bolivie, Inde, Kenya, Maroc),
• les pays les moins avancés (ex : Bénin, République Démocratique du Congo, Burkina Faso, Mali).

En changeant de paradigme, on aborde donc la responsabilité vis-à-vis du changement climatique sous cet angle du droit au développement. En fonction de l’ICR, les Etats se verraient imposer des « obligations à agir » via les actions d’atténuation. D’où la mise en place d’allocations d’émissions de GES, qui seraient négatives pour les pays développés. En d’autres termes, une grande part de l’atténuation à réaliser dans les pays du Sud doit être rendue possible par le Nord.

Paul Baer, un des experts à l’origine du projet, résume l’esprit du GDR en ces termes : « Les personnes situées au-dessus de ce seuil ont réalisé leur droit au développement et ont la responsabilité de préserver ce droit pour les autres".

Expliquer le fil de cette réflexion en quelques lignes relève d’un challenge, et il est vraiment intéressant de s’y attarder davantage (vous trouverez le lien ci-dessous). Quoi qu’il en soit, Brice Lalonde a qualifié cette étude, aussi idéaliste soit-elle, de boussole pour les négociations de Poznań. Affaire à suivre, donc.

La page dédiée aux Droits au développement dans un monde-serre, en anglais Greenhouse Development Rights (GDRs) : www.ecoequity.org/GDRs
En français, publications sur le site du Réseau Action Climat : www.rac-f.org

“The moon is not part of the UN texts, right?”


L’Arabie Saoudite use et abuse de toutes les stratégies pour ralentir le processus de négociations (son économie étant entièrement dépendante du pétrole, on comprend bien que l’avenir ne s’annonce pas rose au pays de l’or noir).

La dernière en date : invoquer la fête religieuse Aid Al-Adha. Le mardi 9 décembre était prévu ‘off’ par l’UNFCCC justement pour respecter cette fête musulmane.

Mais l’Arabie Saoudite estime que cette fête a lieu le 8 décembre dans le calendrier musulman, et qu’il faut par conséquent avancer le jour férie au lundi, pour poursuivre les négociations le mardi. Ce contretemps serait directement lié au calendrier lunaire, mais je dois vous avouer que les détails m’ont échappés. En revanche, la phrase d’un délégué européen halluciné, titre de cet article, on s’en souviendra !

L’Arabie Saoudite a obtenu gain de cause, car l’UE préfère éviter de leur permettre de se complaire dans un rôle de victime. Cela pose évidemment des problèmes d’organisation vis-à-vis de tous les événements prévus le lundi.

Mais les vraies victimes sont les 300 jeunes de la conférence, qui avaient prévu une TEUF le lundi soir !

Communiqué de presse de lancement du blog



Six jeunes français à la Conférence des Nations Unies de Poznan.



Chaque année depuis 1992, date de la signature de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC ou UNFCCC en anglais), les États parties à la Convention se retrouvent pour discuter et négocier la mise en œuvre des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Conscients du fait que les enjeux discutés lors de ces conférences concernent directement l’avenir de l’Humanité toute entière, des jeunes ont décidé de s’inviter dans les débats et les négociations pour faire entendre l’intérêt des générations futures.


Pour la Conférence des Parties (CoP) de Poznan en Pologne du 1er au 12 décembre, six jeunes français présents dans différentes délégations d’organisations non-gouvernementales ont décidé de se rapprocher. Nous représentons ensemble plusieurs organisations françaises ou internationales de protection de l’environnement ou de promotion du développement durable telles que Solar Generation (http://www.greenpeace.org/france/solargeneration/), l’International Forestry Students’ Association (IFSA - http://www.ifsa.net/) et le Réseau Français des Étudiants pour le Développement Durable (REFEDD – http://www.refedd.org/).
Notre objectif est de partager cet événement exceptionnel dans l’actualité climatique et environnementale internationale avec d’autres jeunes français et francophones qui n’ont pas la chance de se déplacer et de participer directement à la Conférence. De plus, l’objectif second est de permettre à un maximum de personnes jeunes ou moins jeunes de s’informer quant aux activités menées par les jeunes du Monde entier (la COY – Conference of Youth regroupant environ 300 jeunes internationaux) présents à la CoP.

Dans cette idée de partage, un blog d’information a été créé. Notre volonté n’est pas d’offrir une information objective sur la Conférence, mais bien d’échanger et de faire connaître une information subjective ; nous ne sommes pas journalistes. La conférence de Poznan est présentée sur ce blog au travers du prisme et du regard de la jeunesse française. Notre subjectivité volontaire nous permettra d’apporter un oeil critique, de présenter nos idées et nos opinions mais également nos colères et coups de gueule.

Retrouvez-nous à cette adresse :
www.generationclimat.fr

Il est temps que les États parties à la Convention prennent leurs responsabilités face aux changements climatiques, à l’avenir et à la jeunesse. Nous sommes à Poznan pour leur rappeler, et pour vous informer.

Nous contacter :
Sébastien Duyck (Solar Generation France) : duycks@gmail.com
Anne-Lise Barberon (RAC France) : anne.lise.barberon@gmail.com
Florent Baarsch (REFEDD) : florent.baarsch@gmail.com

mardi 2 décembre 2008

Faut-il craindre Poznan ?


La conférence des parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques a débuté depuis hier, lundi 1er décembre. Cette conférence est partie intégrante d'un long cycle commençait en 1992 visant à trouver un accord mondial en vue de réduire de façon drastique nos émissions de gaz à effet de serre, et cela en vue de limiter les changements climatiques et les conséquences que l’on connaît (Rapport Stern, ou partie 4 du rapport AR4 du GIEC). Pour faire plus simple et plus imagé, nous décidons aujourd’hui, 12 jours tous les ans, du temps qu’il fera dans 50 voire 100 prochaines années. L’enjeu est donc de taille…

Bien que les enjeux se situent dans un terme très long, les conférences sur le climat sont influencées par des micro ou macro-événements qu’il convient de rappeler dans cette première semaine de conférence.

Premièrement, et ce n’est pas une révélation que je vous fais là, la conférence se déroule en Pologne. Et cela a toute son importance lorsque l’on sait que le ministre de l’environnement du pays-hôte siège à la tribune de la CoP et a un rôle capital dans le succès ou l’échec des négociations. C’est notamment la raison pour laquelle, le Danemark (prochain pays-hôte de la conférence en 2009) s’est doté récemment d’un ministre des changements climatiques. Or au sein de l’Union Européenne qui dessine en ce moment même son « paquet énergie/climat », la Pologne joue un jeu plus que surprenant pour ne pas dire inquiétant (je vais rester diplomate, je n’ai pas encore passé la frontière). En effet, l’électricité polonaise est majoritairement produite grâce au charbon, ressource dont le pays regorge en abondance. Cependant, le charbon est une catastrophe climatique, son bilan énergie produite par rapport au CO2 émis (en gCO2/kW) en fait probablement l’énergie la plus émettrice de CO2. Dans une interview récente, le Premier ministre polonais se disait même prêt à utiliser l’arme du veto lors des discussions européennes pour préserver ses intérêts charbonniers. Comment un pays qui tient une telle position peut-il permettre de faire avancer les négociations sur le climat ? Souhaite-t-il seulement qu’elles avancent ?
Il faut ajouter à cela que l’Union Européenne peine à trouver une voix commune sur la question climatique. L’UE qui était l’année dernière l’un des moteurs des négociations à Bali offre cette fois l’image d’une cacophonie assourdissante ; les uns voulant préserver leur industrie automobile, les autres leur charbon. L’intérêt national ayant de loin supplanté l’intérêt européen et d’encore plus loin l’intérêt mondial et futur

Deuxièmement, ou devrais-je dire principalement : la CRISE ! La crise, la crise, la crise. On la nomme tellement que l’on aurait presque oublié de quoi il s’agissait. L’obscur crédit et le jeu des traders ont des conséquences que l’on ne soupçonnait pas au début de ladite crise. Les États du monde entier ont du jouer aux pompiers économiques et financiers en offrant à perte des centaines de milliards de dollars pour sauver banques de détail et banques d’affaire, groupes immobiliers et autres assureurs de crédit.
Les crédits dépensés pour sauver le système financier international n’iront donc logiquement pas en direction d’autres opérations. Le débat parlementaires sur la loi Grenelle en France et la réaction des maires (lors du congrès des Maires de France) sont à cette image, la loi est belle et bien écrite, mais on manque totalement de moyens financiers pour la mettre en œuvre. L’exemple choisi est français, mais il se retrouve dans tous les autres pays industrialisés du Monde.

Crise et absence de réels leaders dans les négociations sont autant de raisons réelles de s’inquiéter. Monsieur Pierre Radanne (consultant international, et ancien directeur de l'ADEME) disait aujourd’hui au journal Le Monde que la CoP de Poznan servirait à recoller les différents morceaux sur le climat pour aboutir à un accord en 2009 à Copenhague. En langage diplomatique décrypté : à Poznan, il n’y a rien à voir et préparez-vous à l’échec.

Le tableau dressé semble celui d’un échec total. Un élément pourtant doit être rajouté à ce tableau, petite touche du nouveau président américain. Durant ces huit dernières années de présidence de G.W. Bush, les négociations sur le climat avançaient à reculons, le président américain ne voulant pas sacrifier l’économie américaine (en passant, il ferait bien de lire le rapport Stern et le récent rapport de l’OIT sur la transformation écologique de l’économie) sur l’autel du climat. Or, tout au long de sa campagne, Barack H. Obama n’a eu de cesse de rappeler qu’après son élection, les USA auront un rôle de leader sur les questions climatiques et demanderont la mise au point d’un accord international ambitieux portant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Malheureusement, B.H. Obama ne sera président des Etats-Unis d’Amérique qu’à partir du 20 janvier, et ne sera que représenté par des observateurs avec à leur tête John Kerry. La délégation présente à Poznan sera donc celle de l’administration actuelle, dont on connaît les « réticences » climatiques.



Il ne reste donc plus qu’à espérer que l’effet Obama aura une influence réelle sur la conférence et les négociations attenantes. Il est quand même difficile d'admettre lorsque l'on a qu'une vingtaine d'années et l'avenir devant soi que le futur ne repose que sur un effet espéré...


« Yes, we can »

I hope so.

La position d'un député français au parlement européen.

Pour compléter ce que vient de d'écrire Augustin sur les négociations au niveau européen, je voudrais partager avec vous la position sur ce sujet d un de nos députés au parlement européen.

Les membres de la délégation française ont écrit à chacun des députes européens pour insister sur la nécessité d'une position forte de l'Union Européenne dans la lutte contre les changements climatiques. Nous avons utilise le message propose sur le site www.timetolead.eu (ce site est consacre aux négociations du paquet climat/énergie européen, allez y faire un tour si vous avez 2 minutes).

Voici mon email a M. Vatanen (UMP):
***
Cher Monsieur Vatanen

Pour que l'Europe se place en tête de file dans la lutte pour maintenir le réchauffement climatique en-dessous des 2°C, nous devons impérativement adopter les mesures suivantes:
1) Un minimum de 30% de réduction des émissions de gaz à effet de serre (sur le territoire européen et non outre-mer par le biais de rachat de crédit de carbone);
2) Des mesures fortes afin d'assurer que chaque Etat membre respècte ses engagements en matière d'émission;
3) Une aide financière suppplémentaire afin de permettre aux pays en voie de développement de réduire leurs émissions.

Allez-vous montrer l'exemple en assurant l'adoption de ces mesures dans le Paquet climat/énergie européen?

Sébastien DUYCK
(électeur dans la circonscription France Sud-Est)

***

Et voici sa réponse (je pense que cela se passe de commentaire tellement elle me parait décalée de la réalité).

***
Monsieur,

Merci pour votre message bien intentionné. Avant de prendre des mesures contraignantes dans le domaine des émissions de gaz à effet de serre, et afin d'éviter de sombrer dans une rhétorique catastrophiste sur le changement climatique, nous devons trouver des réponses rationnelles aux trois questions suivantes:
1) Est-ce que le gaz à effet de serre est effectivement à l'origine d'un accroissement des températures globales de façon particulièrement élevée par rapport aux précédents cycles de réchauffement climatique?
2) Est-ce que ce présupposé réchauffement climatique affecterait sévèrement le bien être de l'Homme et la nature?
3) Est-ce que des actions rationnelles de l'Homme pourraient avoir un effet préventif sur un quelconque réchauffement climatique?
Les réponses à ces questions ne sont pas si évidentes que le courant de pensée actuel le laisse croire...

Sincères salutations,
Ari Vatanen
***

Pour être équitable avec M Vatanen, je dois ajouter que sur les quelques 34 députés auxquels j ai adresse cet email, deux seulement ont répondu jusqu'à présent...
(Pour memoire, il y a de nouvelles elections pour le parlement europeen dans 6 mois).

lundi 1 décembre 2008

Le climat de la Conférence

Ca y est, le coup d'envoi de la 14ème COP-MOP a été donné ce matin à 10 heures par Yvo de Boer, le secrétaire exécutif de la Convention Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques.
Yvo de Boer est resté dans les mémoires de la Conférence de Bali (13ème COP MOP en décembre dernier) pour avoir versé quelques larmes en séance plénière, le dernier jour, sous la pression de négociations qui n'avançaient pas.
Espérons pour lui et pour la planète que ça ne se reproduira pas le 12 décembre prochain lors de la clôture.

L'atmosphère au sein du centre de Conférence est la même qu'à Bali : une immense salle de séance plénière, une multitude de salles annexes éparpillées aux quatre coins d'un centre de conférence qui fait figure de petite ville, et des délégués qui circulent sans cesse l'air affairé, naviguant entre réunions de négociations, de coordination, et conférences de presse. Chaque Etat, agence, OIG ou ONG tient un stand pour présenter ses actions.

Un seul détail diffère : le froid, qui conditionne tous les mouvements et déplacements hors du centre de conférence.

Les négociations porteront sur le plan d'action décidé à Bali, qui est composé de cinq piliers :

- La mise en place d'une "vision partagée sur la coopération à long terme". Autrement dit, comment faire en sorte que tous les pays aient en ligne de mire un objectif de réductions d'émissions de GES commun d'ici à 2050. Les recommandations du GIEC tournent autour de 50% de réduction des émissions mondiales, ce qui signifierait pour les pays industrialisés une réduction de 80 à 95%.

- La réduction des émissions de GES. Cette réflexion inclut la problématique de la déforestation, qui représente près de 20% des émissions de GES mondiales. Il sera question, aussi de l'approche dite "sectorielle", à savoir fixer des objectifs de réduction d'émissions par secteur industriel (ciment, acier...) et non par pays. Cette question est cruciale puisque ce pourrait le moyen de fixer des objectifs contraignants aux pays "non industrialisés" sans pour autant trop freiner leur développement.

- L'adaptation aux impacts des changements climatiques, qui concerne principalement les pays en développement.

- Comment transférer les technologies nécessaires à la participation des pays en développement à l'effort de réduction.

- Comment améliorer les différents mécanismes financiers du Protocole de Kyoto afin de lutter plus efficacement contre les changements climatiques.


Mais l'enjeu immédiat reste toutefois les engagements post-2012 des pays développés (cf article "Changement Climatoc ? Ca suffit !").

Les négociations viennent de débuter, donc les informations sont pour le moment limitées, mais sachez toutefois que l'UE a réaffirmé ce matin que la crise financière ne peut en aucun cas servir d'argument à ceux qui refusent de s'engager activement pour lutter contre les changements climatiques.
L'image utilisée par le représentant de la Commission européenne est celle d'un billet de 100 euros qui, même brûlé de moitié comme l'avait fait Gainsbourg à la télévision, ne justifie pas qu'on refuse d'investir l'euro nécessaire à la lutte contre les changements climatiques. Cela fait évidemment écho au rapport Stern qui nous met en garde vis à vis du « coût de l'inaction » : 1% du PIB mondial est nécessaire maintenant. Si nous n'agissons pas, ce sera 20% demain.

Enfin, retenez que ces négociations internationales sur le climat se tiennent en parallèle des négociations européennes. Les chefs d'Etats européens se prononceront les 11 et 12 décembre sur le "Paquet Energie Climat", qui décidera si l'UE s'engage à 20 ou 30% de réductions de GES d'ici à 2020.
L'issue est directement liée aux négociations internationales : si l'UE ne fait pas le ménage chez elle, difficile ensuite de demander aux autres de le faire chez eux.
Or si ce Paquet législatif tend vers 20%, c'est largement insuffisant au vu des recommandations du GIEC : 25 à 40% en 2020.

Nous ferons un point demain sur comment rendre équitable la répartition des efforts de lutte contre les changements climatiques. Le Protocole de Kyoto est pour le moment divisé entre pays industrialisés qui se voient assigner des objectifs de réductions d’émissions contraignants, et pays « moins développés » qui n’ont pas ce genre d’objectifs.
La Chine fait partie de ces derniers pays. Pourtant elle est devenue très récemment le pays le plus émetteur de GES au monde.

Chine et Botswana, même combat ?

Les jeunes français à Poznan

Les jeunes s'unissent pour le changement

Ce week end avait lieu à Poznan, pour la 4 ème fois avant une COP (Conference of Parties), la Conférence de la Jeunesse (COY : Conference of Youth). En tant que jeunes français de diverses délégations, nous y avons participé. Retour sur un événement clef pour les deux semaines à venir...

La COY, pour faire simple, c'est le moyen qu'ont trouvé les jeunes du monde entier pour s'adresser d'une seule voix aux délégations officielles de la COP.
Pas simple du tout en fait. Le défi se complique en effet lorsque l'on comprend que la COY réunit plus de 400 personnes, 50 pays, certains membres de délégations nationales et d'autres d'ONG, certains des pays développés et d'autres de pays en voie de développement. Un melting pot où tous apportent dans leurs bagages des histoires, des expériences, des points de vus différents. Le consensus n'est donc pas toujours simple.

L'enjeu est pourtant important. Car, qu'importe l'endroit d'où nous venons, nous représentons tous la future génération, et venons tous ici dans un objectif commun: élever nos voix face à nos représentants pour exiger d'eux une prise de responsabilité. Cela ne devrait pas être une faveur ou une prière que nous adressons, mais bien une exigence, car c'est notre droit de prétendre pouvoir vivre dans un environnement sain et leur devoir de nous l'assurer.
Bien sûr, réclamer des droits nécessite de se plier à certains devoirs. Et c'est bien ce qui fera notre force durant cette conférence, car ces 400 jeunes réunis durant la COY symbolisent une génération avertie et active. Tous, nous agissons à notre niveau chez nous, et nous venons ici pour témoigner de ces engagements. Ce sont ces expériences qui feront notre légitimité.

Une petite anecdote qui fera office d'exemple de cet engagement personnel: la délégation des jeunes australiens est arrivée vendredi...après 40 jours de voyage! Bateau, train, bus, scooter, vélo... de tout , mais pas un avion. Parce qu'aller défendre un message contre le changement climatique en parcourant 23000 kilomètres dans les air peut aisément être critiquable, ils ont choisi l'autre chemin. Et auront ainsi économisé 75% des émissions carbones qu'ils auraient émis en prenant l'avion. Bon début...

Cette COY représente un moment important car elle nous permet de fixer des messages clairs à défendre pendant la COP tout en mettant en place une organisation efficace et opérationnelle dès le premier jour.
Après une matinée introductive, présentant un bref historique de la COY, l'influence des jeunes dans une COP, et une explication de divers organismes et programmes de la COP dont cerains détails viennent d'être édités, nous nous sommes divisés en 5 groupes de travail afin d'être sûr d'être opérationnels sur tous les fronts durant la COP. Basiquement, cela se compose d'un groupe chargé de la communication, un autre des médias, un des enjeux politiques de la COP, un en charges des actions que les jeunes mèneront durant la COP afin d'attirer l'attention et enfin un groupe chargé de créer un réseau international fonctionnel entre toutes les délégations.
Durant la COP, chacun de ces groupes se réunira quotidiennement pour avancer dans ses objectifs, et un compte rendu général de toutes les activités et prises de positions de la jeunesse sera organisé chaque matin afin d'avoir une vue d'ensemble du mouvement.

Peu à peu, le mouvement se met en place. La COP ouvre à présent ses portes. La jeunesse y sera unie pour forcer les 192 nations présentes à s'entendre à leur tour!

Les termes utilisés (suite)

Le début est ici.

AWG-KP (anciennement connu sous le nom de AWG): Ad-Hoc Working Group on Further Commitments for Annex I Parties under the Kyoto Protocol ou Groupe de travail spécial des nouveaux engagements pour les parties visées à l'Annexe I au titre du Protocol de Kyoto.
C'est un organe décisionnaire et subsidaire du Protocole, créé en 2005, conformément à l'article 3.9 du Protocole de Kyoto.
Comme son nom l'indique, ce groupe est consituté des "parties visées à l'Annexe 1 au titre du Protocole de Kyoto" (à savoir, Canada, UE, Japon, Australie, etc, qui n'incluent pas les USA) et qui a pour but de poursuivre les négociations concernant les engagements des parties après 2012 (échéance du premier "round" du Protocole de Kyoto).
Les conclusions de ce groupe de travail seront rendues publiques en 2009 à Copenhague lors de la 15ème Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique.


AWG-LCA: Ad-Hoc Working Group on Long-Term Co-operative Action under the Convention ou Groupe de travail spécial de l'action concernée à long terme au titre de la Convention.
C'est un groupe de discussion, parallèle au AWG-KP, organe subsidiaire de la Convention et qui inclut toutes les parties (c'est à dire USA, G77/Chine).
Ce groupe qui a été créé lors de la Conférence de Bali, représente une "vision partagée" et travaille sur quatre "blocs constitutifs", à savoir:
- Mitigation,
- Adapation,
-Transfert de technologie
- Financement.
Ce groupe a, par ailleurs, pour objectif de produire un successeur au Protocole de Kyoto après 2012 et est donc chargé de conduire des négociations pour obtenir un accord renforcé sur le changement climatique.
Ses conclusions seront rendues publiques en 2009 à Copenhague lors de la 15ème Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique.


REDD: Reduced emissions from deforestation and degradation ou Réduction des Émissions résultant de la Dégradation et de la Déforestation.
Le programme REDD est un programme initié par les Nations Unies en partenariat avec le gouvernement de Norvège et qui vise à équilibrer la balance économique en faveur de la gestion durable des forêts. L'objectif est que les biens et services économiques, environnementaux et sociaux des forêt et des terres non dégradées bénéficient aux pays, aux communautés et aux utilisateurs de ces forêts et de ces terres tout en contribuant aux réductions importantes des émissions de gaz à effet de serre, car selon le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), la déforestation contribue environ 20 pour cent des émissions globales des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Cette action d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre cherche à preserver les stocks de carbone existants et contenus dans les forêts et dans les tourbières, permettant l'immobillisation du carbone émis par des sources d'énergie fossile.
Si REDD obtient le feu vert dans le cadre d'un accord post-2012 de la Convention des Nations Unies sur le climat, ceci pourrait permettre les pays développés de payer les pays en développement pour les émissions évitées.
A suivre les questions liées à la permanence des projets, aux fuites de carbone, au suivi (monitoring) et à la définition du niveau de référence du projet (baseline).


SBI : Subsidiary Body on Implementation ou Organe Subsidiaire chargé de la question de Mise en Oeuvre, est un des deux organes subsidiares de la Conférence des Parties et travaille sur les questions de conformité (évaluation et la revue de la mise en application de la Convention). Cet organe joue un rôle majeur dans l'examen des Communications Nationales et des Inventaires d'Emissions soumis par les Parties et donne avis à la Conférence des Parties sur le mécanisme financier (géré par le Fonds pour l'Environnement Mondial), de même que sur les questions administratives et budgétaires.


SBSTA : Subsidiary Body on Scientific and Technological Advice, ou Organe Subsidiaire chargé de fournir l'Avis Scientifique et Technique.
C'est le deuxième organe subsidiaire de la Conférence des Parties.
Comme son nom le suggère, la tâche du SBSTA est de fournir conseil à la Conférence des Parties sur les questions scientifiques, technologiques et méthodologiques relatives à la Convention. Il sert de lien entre l'information scientifique fournie par les sources expertes telles que le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC) d'une part, et les besoins d'orientation politique de la Conférence des Parties d'autre part. Le SBSTA travaille de près avec le GIEC, lui demandant parfois des études spécifiques.