lundi 1 décembre 2008

Le climat de la Conférence

Ca y est, le coup d'envoi de la 14ème COP-MOP a été donné ce matin à 10 heures par Yvo de Boer, le secrétaire exécutif de la Convention Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques.
Yvo de Boer est resté dans les mémoires de la Conférence de Bali (13ème COP MOP en décembre dernier) pour avoir versé quelques larmes en séance plénière, le dernier jour, sous la pression de négociations qui n'avançaient pas.
Espérons pour lui et pour la planète que ça ne se reproduira pas le 12 décembre prochain lors de la clôture.

L'atmosphère au sein du centre de Conférence est la même qu'à Bali : une immense salle de séance plénière, une multitude de salles annexes éparpillées aux quatre coins d'un centre de conférence qui fait figure de petite ville, et des délégués qui circulent sans cesse l'air affairé, naviguant entre réunions de négociations, de coordination, et conférences de presse. Chaque Etat, agence, OIG ou ONG tient un stand pour présenter ses actions.

Un seul détail diffère : le froid, qui conditionne tous les mouvements et déplacements hors du centre de conférence.

Les négociations porteront sur le plan d'action décidé à Bali, qui est composé de cinq piliers :

- La mise en place d'une "vision partagée sur la coopération à long terme". Autrement dit, comment faire en sorte que tous les pays aient en ligne de mire un objectif de réductions d'émissions de GES commun d'ici à 2050. Les recommandations du GIEC tournent autour de 50% de réduction des émissions mondiales, ce qui signifierait pour les pays industrialisés une réduction de 80 à 95%.

- La réduction des émissions de GES. Cette réflexion inclut la problématique de la déforestation, qui représente près de 20% des émissions de GES mondiales. Il sera question, aussi de l'approche dite "sectorielle", à savoir fixer des objectifs de réduction d'émissions par secteur industriel (ciment, acier...) et non par pays. Cette question est cruciale puisque ce pourrait le moyen de fixer des objectifs contraignants aux pays "non industrialisés" sans pour autant trop freiner leur développement.

- L'adaptation aux impacts des changements climatiques, qui concerne principalement les pays en développement.

- Comment transférer les technologies nécessaires à la participation des pays en développement à l'effort de réduction.

- Comment améliorer les différents mécanismes financiers du Protocole de Kyoto afin de lutter plus efficacement contre les changements climatiques.


Mais l'enjeu immédiat reste toutefois les engagements post-2012 des pays développés (cf article "Changement Climatoc ? Ca suffit !").

Les négociations viennent de débuter, donc les informations sont pour le moment limitées, mais sachez toutefois que l'UE a réaffirmé ce matin que la crise financière ne peut en aucun cas servir d'argument à ceux qui refusent de s'engager activement pour lutter contre les changements climatiques.
L'image utilisée par le représentant de la Commission européenne est celle d'un billet de 100 euros qui, même brûlé de moitié comme l'avait fait Gainsbourg à la télévision, ne justifie pas qu'on refuse d'investir l'euro nécessaire à la lutte contre les changements climatiques. Cela fait évidemment écho au rapport Stern qui nous met en garde vis à vis du « coût de l'inaction » : 1% du PIB mondial est nécessaire maintenant. Si nous n'agissons pas, ce sera 20% demain.

Enfin, retenez que ces négociations internationales sur le climat se tiennent en parallèle des négociations européennes. Les chefs d'Etats européens se prononceront les 11 et 12 décembre sur le "Paquet Energie Climat", qui décidera si l'UE s'engage à 20 ou 30% de réductions de GES d'ici à 2020.
L'issue est directement liée aux négociations internationales : si l'UE ne fait pas le ménage chez elle, difficile ensuite de demander aux autres de le faire chez eux.
Or si ce Paquet législatif tend vers 20%, c'est largement insuffisant au vu des recommandations du GIEC : 25 à 40% en 2020.

Nous ferons un point demain sur comment rendre équitable la répartition des efforts de lutte contre les changements climatiques. Le Protocole de Kyoto est pour le moment divisé entre pays industrialisés qui se voient assigner des objectifs de réductions d’émissions contraignants, et pays « moins développés » qui n’ont pas ce genre d’objectifs.
La Chine fait partie de ces derniers pays. Pourtant elle est devenue très récemment le pays le plus émetteur de GES au monde.

Chine et Botswana, même combat ?

Les jeunes français à Poznan

Les jeunes s'unissent pour le changement

Ce week end avait lieu à Poznan, pour la 4 ème fois avant une COP (Conference of Parties), la Conférence de la Jeunesse (COY : Conference of Youth). En tant que jeunes français de diverses délégations, nous y avons participé. Retour sur un événement clef pour les deux semaines à venir...

La COY, pour faire simple, c'est le moyen qu'ont trouvé les jeunes du monde entier pour s'adresser d'une seule voix aux délégations officielles de la COP.
Pas simple du tout en fait. Le défi se complique en effet lorsque l'on comprend que la COY réunit plus de 400 personnes, 50 pays, certains membres de délégations nationales et d'autres d'ONG, certains des pays développés et d'autres de pays en voie de développement. Un melting pot où tous apportent dans leurs bagages des histoires, des expériences, des points de vus différents. Le consensus n'est donc pas toujours simple.

L'enjeu est pourtant important. Car, qu'importe l'endroit d'où nous venons, nous représentons tous la future génération, et venons tous ici dans un objectif commun: élever nos voix face à nos représentants pour exiger d'eux une prise de responsabilité. Cela ne devrait pas être une faveur ou une prière que nous adressons, mais bien une exigence, car c'est notre droit de prétendre pouvoir vivre dans un environnement sain et leur devoir de nous l'assurer.
Bien sûr, réclamer des droits nécessite de se plier à certains devoirs. Et c'est bien ce qui fera notre force durant cette conférence, car ces 400 jeunes réunis durant la COY symbolisent une génération avertie et active. Tous, nous agissons à notre niveau chez nous, et nous venons ici pour témoigner de ces engagements. Ce sont ces expériences qui feront notre légitimité.

Une petite anecdote qui fera office d'exemple de cet engagement personnel: la délégation des jeunes australiens est arrivée vendredi...après 40 jours de voyage! Bateau, train, bus, scooter, vélo... de tout , mais pas un avion. Parce qu'aller défendre un message contre le changement climatique en parcourant 23000 kilomètres dans les air peut aisément être critiquable, ils ont choisi l'autre chemin. Et auront ainsi économisé 75% des émissions carbones qu'ils auraient émis en prenant l'avion. Bon début...

Cette COY représente un moment important car elle nous permet de fixer des messages clairs à défendre pendant la COP tout en mettant en place une organisation efficace et opérationnelle dès le premier jour.
Après une matinée introductive, présentant un bref historique de la COY, l'influence des jeunes dans une COP, et une explication de divers organismes et programmes de la COP dont cerains détails viennent d'être édités, nous nous sommes divisés en 5 groupes de travail afin d'être sûr d'être opérationnels sur tous les fronts durant la COP. Basiquement, cela se compose d'un groupe chargé de la communication, un autre des médias, un des enjeux politiques de la COP, un en charges des actions que les jeunes mèneront durant la COP afin d'attirer l'attention et enfin un groupe chargé de créer un réseau international fonctionnel entre toutes les délégations.
Durant la COP, chacun de ces groupes se réunira quotidiennement pour avancer dans ses objectifs, et un compte rendu général de toutes les activités et prises de positions de la jeunesse sera organisé chaque matin afin d'avoir une vue d'ensemble du mouvement.

Peu à peu, le mouvement se met en place. La COP ouvre à présent ses portes. La jeunesse y sera unie pour forcer les 192 nations présentes à s'entendre à leur tour!

Les termes utilisés (suite)

Le début est ici.

AWG-KP (anciennement connu sous le nom de AWG): Ad-Hoc Working Group on Further Commitments for Annex I Parties under the Kyoto Protocol ou Groupe de travail spécial des nouveaux engagements pour les parties visées à l'Annexe I au titre du Protocol de Kyoto.
C'est un organe décisionnaire et subsidaire du Protocole, créé en 2005, conformément à l'article 3.9 du Protocole de Kyoto.
Comme son nom l'indique, ce groupe est consituté des "parties visées à l'Annexe 1 au titre du Protocole de Kyoto" (à savoir, Canada, UE, Japon, Australie, etc, qui n'incluent pas les USA) et qui a pour but de poursuivre les négociations concernant les engagements des parties après 2012 (échéance du premier "round" du Protocole de Kyoto).
Les conclusions de ce groupe de travail seront rendues publiques en 2009 à Copenhague lors de la 15ème Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique.


AWG-LCA: Ad-Hoc Working Group on Long-Term Co-operative Action under the Convention ou Groupe de travail spécial de l'action concernée à long terme au titre de la Convention.
C'est un groupe de discussion, parallèle au AWG-KP, organe subsidiaire de la Convention et qui inclut toutes les parties (c'est à dire USA, G77/Chine).
Ce groupe qui a été créé lors de la Conférence de Bali, représente une "vision partagée" et travaille sur quatre "blocs constitutifs", à savoir:
- Mitigation,
- Adapation,
-Transfert de technologie
- Financement.
Ce groupe a, par ailleurs, pour objectif de produire un successeur au Protocole de Kyoto après 2012 et est donc chargé de conduire des négociations pour obtenir un accord renforcé sur le changement climatique.
Ses conclusions seront rendues publiques en 2009 à Copenhague lors de la 15ème Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique.


REDD: Reduced emissions from deforestation and degradation ou Réduction des Émissions résultant de la Dégradation et de la Déforestation.
Le programme REDD est un programme initié par les Nations Unies en partenariat avec le gouvernement de Norvège et qui vise à équilibrer la balance économique en faveur de la gestion durable des forêts. L'objectif est que les biens et services économiques, environnementaux et sociaux des forêt et des terres non dégradées bénéficient aux pays, aux communautés et aux utilisateurs de ces forêts et de ces terres tout en contribuant aux réductions importantes des émissions de gaz à effet de serre, car selon le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), la déforestation contribue environ 20 pour cent des émissions globales des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Cette action d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre cherche à preserver les stocks de carbone existants et contenus dans les forêts et dans les tourbières, permettant l'immobillisation du carbone émis par des sources d'énergie fossile.
Si REDD obtient le feu vert dans le cadre d'un accord post-2012 de la Convention des Nations Unies sur le climat, ceci pourrait permettre les pays développés de payer les pays en développement pour les émissions évitées.
A suivre les questions liées à la permanence des projets, aux fuites de carbone, au suivi (monitoring) et à la définition du niveau de référence du projet (baseline).


SBI : Subsidiary Body on Implementation ou Organe Subsidiaire chargé de la question de Mise en Oeuvre, est un des deux organes subsidiares de la Conférence des Parties et travaille sur les questions de conformité (évaluation et la revue de la mise en application de la Convention). Cet organe joue un rôle majeur dans l'examen des Communications Nationales et des Inventaires d'Emissions soumis par les Parties et donne avis à la Conférence des Parties sur le mécanisme financier (géré par le Fonds pour l'Environnement Mondial), de même que sur les questions administratives et budgétaires.


SBSTA : Subsidiary Body on Scientific and Technological Advice, ou Organe Subsidiaire chargé de fournir l'Avis Scientifique et Technique.
C'est le deuxième organe subsidiaire de la Conférence des Parties.
Comme son nom le suggère, la tâche du SBSTA est de fournir conseil à la Conférence des Parties sur les questions scientifiques, technologiques et méthodologiques relatives à la Convention. Il sert de lien entre l'information scientifique fournie par les sources expertes telles que le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC) d'une part, et les besoins d'orientation politique de la Conférence des Parties d'autre part. Le SBSTA travaille de près avec le GIEC, lui demandant parfois des études spécifiques.